22 août 2013
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Sombre nuit, secret, effroi intime, monde, finitude, esseulement, l’être-là; Novalis, Heidegger.
"La philosophie est à proprement parler nostalgie". Ainsi s'exprime le poète et philosophe Novalis, ami de Schiller, de Hölderlin, critique de Fichte, fiancé à Sophie von Kühn en 1795, qui va mourir en 1797 et qu’il avait rencontrée alors qu’elle n’avait que treize ans, mort lui-même à vingt-neuf ans, auteur des Hymnes à la Nuit où l’on peut lire les vers suivants: « Avec une angoissante nostalgie nous voyons/Le passé enveloppé de sombre nuit./Qui cherche encore notre retour? » Hymnen an die Nacht, VI. Heidegger reprendra cette définition et fera de la nostalgie la tonalité fondamentale du philosopher portant sur le monde, la finitude et l'esseulement. La nostalgie est la recherche du "chez soi", ce qui pose le problème de notre finitude aussi : "Qu'est-ce que l'homme? Un franchissement, une direction, une tempête qui déferle sur notre planète, un retour -ou bien un dégoût pour les dieux? Nous ne le savons pas. Mais nous avons vu que, dans cette essence énigmatique, la philosophie advient".(Les concepts fondamentaux de la métaphysique p.24). « Ce qui fait défaut à l'homme le plus souvent c'est le secret et l'effroi intime que tout secret porte avec lui et qui donne à l'homme sa grandeur » (Id. p.246). "Seul celui qui peut se donner vraiment un fardeau est libre" (Id. p.250). Or l'homme doit assumer son être-là ( « Dasein » ). La nostalgie, la recherche de la place de l'homme dans le monde, n'est pas une question comme les autres sur un domaine délimité d'objets, un savoir à acquérir entre autres, c'est un événement fondamental qui saisit de part en part celui qui questionne.
Key word
: angoissante nostalgie, retour, assumer son être-là.
Key names
: Novalis, Schiller, Hölderlin, Fichte, Sophie von Kühn, Heidegger.
Key works
: Novalis, Hymnes à la Nuit, Études fichtéennes, Brouillon général, Encyclopédie. Heidegger, les Concepts fondamentaux de la métaphysique ( éd. Gallimard, p.24, p.246, p.250).
L’île de notre nostalgie, 8, 2, c.
Patrice Tardieu