25 septembre 2013
3
25
/09
/septembre
/2013
23:17
Plaisirs de la table et luxure, donner des esclaves aux murènes, Apollinaire, Adam Smith, Sade.
Mme de Gernande croit en l’Être Suprême, la religion, la vertu; elle voudrait être utile à son prochain, comme Justine. M. de Gernande, lui, promet « un repas des plus lascifs » car, selon lui, plaisirs de la table et luxure vont de pair. Sade cite Apicius, célèbre romain porté sur la bonne chère, mais il pense à Vedius Pollion, ami de l’empereur Auguste ( qui condamnait cette pratique punitive ), qui donnait des esclaves à dévorer à ses poissons carnivores ( Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, IX, LXXVII ), et dont se souviendra Apollinaire dans Alcools: « Moi qui sais des lais pour les reines/ Les complaintes de mes années/ Des hymnes d’esclave aux murènes/ La romance du mal-aimé/ Et des chansons pour les sirènes ». On retrouve, selon Michel Delon, cette référence chez Adam Smith et chez Démeunier dans un chapitre sur les esclaves ( L’Esprit des usages et des coutumes, ouvrage que Sade utilise beaucoup ): « Vedius Pollis, citoyen romain, ne nourrissait-il pas de leur chair les poissons de son vivier? ». Rappelons que c’est Guillaume Apollinaire qui découvrit le manuscrit original de la première version de Justine en 1909, écrite par Sade en 1787 et qui sera publié en 1930 par Maurice Heine.
Key word
: repas des plus lascifs, poissons carnivores, la romance du mal-aimé.
Key names
: Apollinaire, Adam Smith, Démeunier, Sade.
Key works
: Apollinaire, Alcools, la chanson du Mal-Aimé. Adam Smith, La Richesse des Nations. Démeunier, L’Esprit des usages et coutumes. Sade, La Nouvelle Justine, chapitre XIV.
Patrice Tardieu