17 juillet 2013
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Mythe de la pluralité primordiale de Platon; sphère parfaite sans haine ni dissension d’Empédocle.
La nostalgie la plus douloureuse est toutefois celle des êtres. Elle provient de cette incomplétude, de cette blessure originaire dont nous parle Platon dans son Banquet 189 c-d. Nous avons tous la nostalgie de notre moitié perdue, de l'unité, de l'un, que nous étions à l'origine. C'est non pas "le mythe de l'androgyne" comme il est parfois appelé, mais celui de la pluralité primordiale de notre nature non-identique selon Platon : les uns étaient constitués de deux moitiés mâles, les autres de deux moitiés femelles, les troisièmes de mâle et de femelle. La virilité était dominée par le principe solaire, la féminité par le terrestre, fécond et humide, l'androgyne ("l'homme-femme") par le lunaire à la fois actif et passif. L'être était donc un "sphairos", une sphère parfaite, compacte, à l'image de ce moment insurpassable de l'univers, selon Empédocle, sans haine, sans dissension, Amour pur, Principe premier de toutes choses. Mais la coupure a eu lieu, nous sommes jetés dans la dispersion, sans lieu proprement dit, en proie au travail, aux besoins, à la sexualité, dans cette quête perpétuelle de l'autre lointain et disparu. L'être ne se suffit plus à lui-même, il a été mutilé, scindé en deux, et cette menace de castration plane encore sur lui; il est dissociable à l'infini et jeté dans l'illimité.
Key word
: incomplétude, blessure originaire, Amour pur, principe premier de toutes choses, dispersion, quête de l’autre lointain disparu.
Key names
: Platon, Empédocle.
Key works
: Platon, Banquet 189 c-d. Empédocle De la Nature (Péri Phuséôs).
L’île de notre nostalgie, 6,1,a.
Patrice Tardieu