15 juillet 2013
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La Douleur, la Tragédie divinisent l’existence, réhabilitation du monde des apparences; Nietzsche.
Le refus du "monde suprasensible" comme "monde vrai" est chez Nietzsche la réhabilitation, contre Socrate (qui a fait de "la raison" un tyran), du "monde des apparences" (ce qui apparaît); mais ce dernier est celui de la Volonté de Puissance, la "Wille zur Macht", et de l'Éternel Retour. En effet pour qu'il y ait vraiment de l'être, il faut lui donner valeur d'éternité, donc le devenir des apparences, pour être, doit revenir. La volonté de puissance, créatrice du monde, ne peut être que par l'éternel retour; le devenir, l'Autre n'existe que par le "recursus" du Même. Mais qu'en est-il de la douleur? Nietzsche contredit doublement Aristote : d'abord la douleur n'est pas un signal qui permet une réaction défensive de notre corps, mais un phénomène secondaire faisant déjà partie du processus de réaction. Ensuite, la tragédie n'est pas une "catharsis", une "purgation" , par la pitié et par la crainte de la douleur représentée, imitée, transposée ("mimesis") par le spectacle, au contraire elle possède un effet tonique, elle augmente le sentiment de puissance, elle provoque la joie, l'ivresse; elle affirme, divinise l'existence; et c'est pourquoi représenter la douleur procure du plaisir. Par conséquent le retour éternel de la douleur, la "nost-algie", ne peut être que bénie par les esprits robustes.
Key word
: refus du monde suprasensible, volonté de puissance, éternel retour, recursus du même.
Key names
: Nietzsche, Socrate, Aristote, Heidegger.
Key works
: Nietzsche, le Crépuscule des idoles. Aristote, De Anima (Péri Psuchès); Poétique. Heidegger, Nietzsche.
L’île de notre nostalgie, 5, 5.
Patrice Tardieu