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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 22:56
Plaisir solitaire de la femme avec la soie, vol d’étoffes, le cri de la soie, Marie Trintignant, Yvon Marciano.
Je vais essayer de rendre justice au film le Cri de la Soie, à la fois fascinant et agaçant. Il est un des premiers, à ma connaissance, à parler ouvertement du plaisir solitaire de la femme avec de la soie. Mais justement « le cri de la soie » est trompeur car il ne s’agit pas de déchirer, mais de se caresser avec de la soie, surtout pas de la faire « crier ». Or ce titre nous égare, puisque Marie Trintignant, qui joue admirablement, a déclaré qu’après ce film toutes les femmes voudront écorcher leurs foulards. Au début du film on la voit sortir une lame de son manchon pour « faire crier » la soie et elle est retrouvée étendue inanimée sous des mètres de tissu en plein magasin, puis enfermée pour vol à « l’Infirmerie [Spéciale] du Dépôt en 1914 » où travaille Clérambault en tant que psychiatre. En fait, les quatre observations datent de 1902, 1906 et 1908; celle de la couturière se passe en 1906. Le film s’autorise cette date pour la relier à la guerre de 1914-1918 mais fait blesser Clérambault au Maroc, alors qu’il y a séjourné pour convalescence au contraire, sous protectorat français, et c’est là qu’il a fait ses fameuses photographies de femmes voilées. Tout le film veut nous faire croire que Clérambault était lui-même atteint de cette « passion érotique des étoffes », pourtant son texte démontre l’opposition entre cette passion chez la femme et le fétichisme chez l’homme. Il y a aussi, pour des raisons filmiques, beaucoup de libertés prises dans la relation entre les personnages, mais un film est un film, et celui-ci ne manque pas de qualités.
Key word
: plaisir solitaire de la femme avec la soie, se caresser, faire « crier » la soie, enfermée pour vol à l’Infirmerie Spéciale du Dépôt, photographies de femmes voilées, passion érotique des étoffes chez la femme versus fétichisme chez l’homme.
Key names
: Marie Trintignant, Clérambault.
Key works
: Gaëtan Gatian de Clérambault, Passion érotique des étoffes chez la femme; Le Cri de la Soie, film d’Yvon Marciano, 1996.
Patrice Tardieu
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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 21:34
Passion érotique de la soie chez la femme dans l’ombre du fétichisme, Clérambault et Krafft-Ebing.
En 1910, Gaëtan Gatian de Clérambault rajoute une quatrième observation qui montre un problème de classification déjà évoqué à la fin de la troisième: où situer cette « passion érotique des étoffes » si, comme il l’a soutenu, le concept de « fétichisme » ne doit être véritablement conçu que comme masculin. Il fait remarquer que cette passion des étoffes ne relève que de femmes, alors que les observations de Krafft-Ebing sur le fétichisme ne concerne que des hommes. Il a consulté la deuxième édition allemande, mais dans l’édition actuelle considérablement augmentée, observations 137 à 196, il n’y a aussi que des hommes! L’observation 189 pourrait sembler contredire une telle affirmation puisque le fétichisme consiste à palper les « dames en robe de soie » et « son plus grand bonheur était de mettre un jupon de soie en allant au lit. Cela lui donnait plus de satisfaction que la plus belle femme »! On voit qu’il ne s’agit nullement de la passion féminine pour la soie, mais d’un substitut du corps féminin par ce qui le touche intimement, ici le jupon de soie car le fétichisme consiste à se focaliser sur une partie du corps de la femme ou de son habillement. Il est vrai qu’à la fin du chapitre de cette édition, il y a une page sur le « fétichisme chez la femme ». Il s’agirait de la moustache, de l’uniforme d’une époque etc. mais c’est confondre un symbole occasionnel de virilité avec un fétiche exclusif et unique. Les cas observés par Clérambault chez ces femmes ne pourraient être « qu’à côté du fétichisme vrai et dans son ombre ». Son raisonnement est subtil: puisqu’on ne peut pas en toute rigueur classer la passion des étoffes de la femme avec kleptomanie dans le fétichisme, mettons la, dans cette nosographie, dans l’ombre du fétichisme! Mais ne confondons pas l’ombre et le vrai fétichisme.
P.S.:Je reviens sur le film « Le Cri de la Soie ». Ce titre contredit l’affirmation de la femme qui a servi de modèle et qui déclare qu’elle « n’aurait pas éprouvé de plaisir à froisser ni à lacérer, ni même à faire "crier" la soie ».
Key word
: classification, fétichisme d’une partie du corps féminin ou de son linge intime, passion érotique des étoffes dans l’ombre du fétichisme.
Key names
: Gaëtan Gatian de Clérambault, Richard von Krafft-Ebing.
Key works
: Gaëtan Gatian de Clérambault, Passion érotique des étoffes chez la femme; Krafft-Ebing, Psychopathia Sexualis; Le Cri de la Soie (film 1996).
Patrice Tardieu
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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 18:44
Questions à ne pas poser sur la passion érotique des étoffes, le cri de la soie, Gaëtan Gatian de Clérambault.
Gaëtan Gatian de Clérambault s’interroge sur le problème de la suggestion: « Il serait possible que sous l’influence de nos questions, de telles malades (ordinairement observatrices et d’ailleurs très suggestionnables) se fissent une idée suffisante de ce que nous recherchons en elles, et fussent amenées par nos questions, volontairement ou sincèrement, à nous servir au bout de peu de temps l’exposé que nous attendons d’elles.[…]Il importe donc de laisser à la malade toute sa spontanéité ».Voici, par exemple, les questions qu’il s’est abstenu de poser à l’une d’elle: « Nous aurions aimé savoir nettement si la soie froissée, usagée, est dépourvue de tout charme, si un homme revêtu de riche soie lui plairait plus que la soie seule, si la fillette rêvée par elle s’habillait de soie ou par la douceur de sa peau rappelait la soie, si des bêtes parues dans ses songes la fourrure lui était agréable, si elle ajoute parfois à la soie neuve une idée abstraite de virginité… ».
P.S.:Je justifierais brièvement ainsi les réponses que je suppose faites par une femme ayant « la passion érotique des étoffes »( si je repassais l’épreuve de psychiatrie que j’ai passée, avec présentation pendant l’année de malades à Sainte-Anne!): 1.Froisser la soie augmente l’excitation mais sans l’abîmer ni la gâter.2.La soie seule est source de plaisir, la vue d’un homme supprimerait la jouissance.3.La caresse joue un rôle essentiel, c’est le tact qui est primordial.4.La fourrure d’un animal n’a pas la suavité de la soie et ne donne pas la même sensation( ou « esthésie »).5.Il n’y a aucune idée abstraite dans cette passion érotique du toucher de la soie. Conclusion( dans l’optique de Clérambault): La passion érotique pour la soie n’a rien à voir avec le fétichisme proprement dit qui se nourrit d’idéation et d’imaginaire du corps de l’autre. J’ajouterais: par conséquent le film sur Clérambault « Le Cri de la Soie » qui est présenté comme abordant le fétichisme est un contre-sens sur la pensée de Clérambault.
Key word
: la suggestion, la spontanéité, s’abstenir de poser certaines questions, soie froissée, soie portée par un homme, douceur de la peau, la fourrure, soie et virginité.
Key name
: Gaëtan Gatian de Clérambault.
Key works
: Gaëtan Gatian de Clérambault, Passion érotique des étoffes chez la femme ; Le Cri de la Soie (film 1996).
Patrice Tardieu
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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 22:51
Passion érotique des étoffes chez la femme, Gaëtan Gatian de Clérambault, hyphéphilie, aptophilie.
Gaëtan Gatian de Clérambault va analyser ensuite ce qu’il nomme « une hyperesthésie au contact de la soie, avec répercussion sexuelle » qui n’est pas un fétichisme puisque « l’étoffe n’intervient pas comme substitut du corps masculin, qu’elle n’en possède aucune qualité et qu’elle n’est pas chargée de l’évoquer ». Il propose deux néologismes: « l’hyphéphilie » que je définirais comme « la jouissance par effleurement d’étoffes »( « hyphè » en grec), et « aptophilie », « la jouissance par le toucher, le tact »(du verbe grec « aptô »). Il en conclut sur la sensibilité typiquement féminine de ces femmes: « Dans leur contact avec la soie, elles sont passives; leur personnalité est close par rapport au monde extérieur; dénuée de vision, dénuée de désir; le sexe adverse n’existe plus; leur jouissance est bien génitale, mais se suffit tellement à elle-même qu’on pourrait la dire asexuée ». Il l’oppose au fétichisme masculin: « le fétiche est manipulé, pollué, violenté quelquefois, et ultérieurement conservé[…]parce que le fétiche est, à lui seul, toute une personne »( substitut du corps féminin). Le plaisir de l’homme serait essentiellement celui de la préhension, de la possession, celui de la femme relié à ce qui l’émeut profondément: « parfums, musique, littérature, religion », d’où le mystère « synesthésique » de « l’extase »mystique.
Key word
: hyperesthésie au contact de la soie qui n’est pas un fétichisme, hyphéphilie, aptophilie, sensibilité typiquement féminine, fétichisme masculin, l’extase mystique.
Key name
: Gaëtan Gatian de Clérambault.
Key work
: Gaëtan Gatian de Clérambault, Passion érotique des étoffes chez la femme.
Patrice Tardieu
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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 22:29
Jouissance érotique chez la femme par le vol d’étoffes de soie, Gaëtan Gatian de Clérambault.
Gaëtan Gatian de Clérambault publia en 1908 et 1910 un article en deux parties intitulé Passion érotique des étoffes chez la femme. Le titre suscite la curiosité. Ce sont quatre observations dans la plus pure tradition psychiatrique qui décrivent en détail « une attraction morbide, principalement sexuelle, pour certaines étoffes, la soie surtout, et, à l’occasion de cette passion, des impulsions kleptomaniaques ». Ces femmes sont qualifiées d’emblée d’hystériques et leur action est reliée à « la passion du toucher » qui leur donne une « sensation sexuelle intense », mais surtout par le vol lui-même. C’est ce qu’explique très bien l’une d’elle, créature mystérieuse qui se promène toujours en fiacre: « Le contact de la soie est bien supérieur à la vue; mais le froissement de la soie est encore supérieur, il vous excite, vous vous sentez mouillée; aucune jouissance sexuelle n’égale pour moi celle-là. Voler la soie est délicieux; l’acheter ne me donnerait jamais le même plaisir. Contre la tentation, ma volonté ne peut rien.[…]Je me sens poussée vertigineusement.[…]Quand je peux prendre l’étoffe, je la froisse,[…]j’éprouve une espèce de jouissance qui m’arrête complètement la respiration; je suis comme ivre, je ne peux plus me tenir, je tremble ». Une autre précise: « mes vols ont toujours été les mêmes, des vols de soie. La soie me donne un spasme étonnant et voluptueux ».
Dans la grande tradition de Charcot, Gaëtan Gatian de Clérambault faisait des « présentations cliniques » à un auditoire restreint qui était attentif et fasciné.
Key word
: passion érotique des étoffes chez la femme, la soie, impulsions kleptomaniaques, femmes hystériques, passion du toucher, jouissance de voler, spasme étonnant et voluptueux.
Key names
: Gaëtan Gatian de Clérambault, Charcot.
Key work
: Gaëtan Gatian de Clérambault, Passion érotique des étoffes chez la femme.
Patrice Tardieu
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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 22:13
Art de Charcot, sculpture de la femme hystérique, Beaux-Arts et Hôpital psychiatrique, Paul Richer.
Georges Didi-Huberman, pour se faire ouvrir les dossiers de la Salpêtrière, sans éveiller les soupçons sur ses véritables intentions, avait donné comme titre à un soi-disant « petit travail universitaire »(qu’il s’est bien gardé d’appeler « une Thèse »): Charcot et l’Art. Mais je dirai que c’est ce qu’il montre contre son gré: Charcot devenu Pygmalion façonnant la « sculpture » de la femme hystérique, par ce nouveau moyen qu’est la photographie au dix-neuvième siècle. Il n’a fait photographier que des femmes dans toutes les poses « hystériques » qu’il a pu classifier( classées et nomenclaturées de A à L), exposer sous divers angles, les faisant poser devant des étudiants en médecine semblables à ceux des Beaux-Arts. D’ailleurs, Paul Richer, l’interne préféré de Charcot, était professeur d’anatomie artistique à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, et c’est lui qui dessina les quatre-vingt-six figures de l’hystérie. Rappelons aussi que le « maître » de Lacan, le psychiatre Gaëtan Gatian de Clérambault a été également professeur d’Esthétique et de Drapé à l’École des Beaux-Arts de Paris, lui qui avait publié Passion érotique des étoffes chez la femme (1908-1910) et réfléchit sur l’hystérie.
Si donc l’hystérie n’existe que s’il y a des spectateurs, Charcot est un des meilleurs metteurs en scène, pour tout dire, un « artiste » qui éventuellement, a « torturé » ses modèles, pour son génie, pour son « art » qu’il croyait purement médical.
Key word
: Charcot nouveau Pygmalion, sculpture de la femme hystérique, passion érotique des étoffes chez la femme,  l’art et l’art médical.
Key names
: Georges Didi-Huberman, Charcot, Paul Richer, Gaëtan Gatian de Clérambault, Lacan.
Key works
: Georges Didi-Huberman, Invention de l’hystérie; Gaëtan Gatian de Clérambault, Passion érotique des étoffes chez la femme (1908-1910).
Patrice Tardieu
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27 octobre 2012 6 27 /10 /octobre /2012 18:19
Babinski, Balzac, pithiatisme, comédie humaine, hystérie, Freud, Lacan.
Le mot pithiatisme inventé par Babinski pour rendre compte de l’hystérie vient du verbe grec « peithô »qui signifie, lorsqu’il est intransitif, persuader, enjôler, circonvenir, engager par ruse, séduire, surprendre, tromper, et lorsqu’il est transitif, se fier, se confier, s’en remettre à, se laisser persuader, obéir à quelqu’un, croire, être séduit…
Mais alors, je me dis que si l’hystérie se caractérise donc par tout cela et se fonde sur la suggestibilité, l’imagination, la vanité, l’orgueil, le désir humain de paraître, elle décrit l’humanité toute entière, elle est la parfaite définition de la Comédie Humaine (pour emprunter ce titre de Balzac) où chacun joue des rôles avant d’être joué par eux, avec la faculté de persuader d’un côté, la docilité de l’autre. Mais, peut-être, vais-je trop loin dans l’extension du concept.
En tout cas on comprend mieux pourquoi la Suisse ne veut plus rembourser cette « maladie »(tant masculine que féminine selon Charcot) et que les Manuels de Psychiatrie aient rayé ce mot d’hystérie qui, pourtant, a survécu puisqu’il se trouve dans le vocabulaire courant, dans celui des psychanalystes tant freudiens que lacaniens, et qu’il est fréquent de l’entendre dans les Cours de Justice, aux Affaires Familiales, comme argument pour le divorce!
Key word
: pithiatisme, « peithô », suggestibilité, séduire, être séduit, rôles que nous jouons et rôles qui nous jouent, comédie humaine.
Key names
: Babinski, Freud, Lacan, Balzac.
Key works
: Freud, Études sur l’hystérie; Lacan, Séminaire XVIII, D’un discours qui ne serait pas du semblant; Babinski, Œuvre ; Balzac, la Comédie Humaine.
Patrice Tardieu
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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 22:26
Charcot, regard clinique, image entachée, statue de douleur vive, Foucault, histoire de la sexualité.
J’aimerais dire un mot de l’ouvrage de Georges Didi-Huberman Invention de l’hystérie, Charcot et l’iconographie photographique de la Salpêtrière. Le titre indique déjà l’intention: l’hystérie est une invention de Charcot, lui qui prétendait ne rien inventer, prendre les choses comme elles sont et les faire photographier. C’est une thèse « foucaldienne »(je ne sais qui a influencé l’autre; les deux hommes se sont parlés) puisqu’on la trouve dans Histoire de la sexualité I de Michel Foucault où il est question de « l’hystérisation du corps de la femme » et où l’on trouve une note sur « l’Iconographie de la Salpêtrière »,avec toujours cette obsession de « l’aveu de la sexualité » qui conduit immanquablement Foucault à cette hantise paranoïaque qui lui était propre d’être « surveillé et puni »et qui imprègne toute son œuvre. Par contre le style de Didi-Huberman est éblouissant: « Un regard qui observe et se garde, ou feint de se garder, d’intervenir. Un regard muet, sans geste. Il feint d’être pur, d’être idéal regard clinique, doué seulement de ceci: il entend un langage dans le spectacle que lui offre la vie pathologique. Mais y aurait-il un spectacle sans mise en scène? »(p.43). « Moi aussi je cours après le temps de cette entache d’image, dans quelques portraits de folles »(p.92). « une statue de douleur vive »(p.166)…
Redoutable beauté rhétorique de Didi-Huberman.
Key word
: invention de l’hystérie, hystérisation du corps de la femme; obsession foucaldienne de l’aveu de la sexualité et d’être « surveillé et puni », le « regard clinique » de Charcot, spectacle et mise en scène, entache d’image, statue de douleur vive.
Key names
: Georges Didi-Huberman, Charcot, Michel Foucault.
Key works
: Didi-Huberman, Invention de l’Hystérie(première édition 1982, cinquième 2012); Michel Foucault Histoire de la sexualité I.
Patrice Tardieu
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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 22:19
Hystérie, pithiatisme, simulation, sexualité hystérique, Charcot, Babinski, Freud.
Pourquoi donc l’hystérie a-t-elle déserté, à partir du vingtième siècle, l’hôpital? C’est d’abord que le disciple préféré de Charcot, Babinski, huit années après la mort du maître en 1893, parle dorénavant de « pithiatisme », c’est-à-dire que l’hystérie n’est rien d’autre qu’une « persuasion guérissable », finalement une simulation. C’est lui, sur le fameux tableau d’André Brouillet « Une leçon clinique à la Salpêtrière » qui retient la femme hystérique à côté de Charcot. L’hystérie n’était plus, aux yeux des médecins, qu’une plante exotique cultivée dans la serre chaude de la Salpêtrière…Plante pas tout à fait calcinée puisqu’elle repousse chez son disciple allemand, Sigmund Freud qui écrit en 1905: « La sexualité n’intervient pas d’une façon isolée[…]dans l’ensemble des phénomènes caractéristiques de l’hystérie.[…]Les manifestations morbides sont, pour ainsi dire, l’activité sexuelle des malades ». Et Freud ajoute: « Toutes les critiques que j’en ai entendu faire jusqu’à présent étaient l’expression d’un déplaisir et d’une incrédulité personnels, auxquels il suffit d’opposer les paroles de Charcot:" ça n’empêche pas d’exister" ». L’hystérie s’est donc réfugiée dans le cabinet du psychanalyste.
Key word
: hystérie, « pithiatisme », « persuasion guérissable », simulation, sexualité hystérique, les manifestations morbides sont l’activité sexuelle des malades, les critiques sont l’expression d’un déplaisir et d’une incrédulité personnels mais « ça n’empêche pas d’exister ».
Key names
: Charcot, Babinski, André Brouillet, Freud.
Key works
: Freud, Cinq Psychanalyses, Dora, un cas d’hystérie, p.85-86; André Brouillet, Une leçon clinique à la Salpêtrière (tableau).
Patrice Tardieu
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21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 23:04
Utérus hystérique, Hippocrate, Platon, Freud, Charcot: « ça n’empêche pas d’exister ».
L’hystérie a-t-elle disparue ou plutôt est-elle une « disparue » au sens où l’on parle d’une personne présumée morte mais dont on n’a pas retrouvé le corps? Il est vrai que cette catégorie nosologique ne se retrouve plus dans nos hôpitaux, alors qu’un grand département d’anxieux et de dépressifs s’y trouve par exemple. Pourtant le « corps hystérique » existe depuis l’antiquité. Chez Hippocrate (460-372 av.J.C.) V.Med.18, chez Aristote, et surtout dans le Timée 91b-c de Platon où l’utérus hystérique côtoie la verge insolente, tous deux comparés à un animal en manque ( mais Platon ne soutient pas, contrairement à ce qui est très souvent écrit, de Rabelais à nos jours, que ces organes soient réellement « un animal », ni l’un ni l’autre; c’est explicitement une métaphore). Au Moyen-âge, les convulsions féminines requéraient un exorciste. Au dix-neuvième siècle, il y avait un véritable spectacle à l’hôpital de la Salpêtrière, avec des effectifs largement reconstitués, après le « terrible massacre de femmes » qui y étaient internées, à coups de maillet, par l’insurrection populaire de la Révolution Française en 1792. Charcot y officiait en maître et prononça ces mots qui marquèrent à jamais Freud venu le voir en 1885, à propos de l’hystérie: « ça n’empêche pas d’exister ».
Key word
: hystérie, anxiété, dépression, utérus hystérique, verge insolente, convulsions féminines, exorcisme, massacre de femmes internées à la Salpêtrière en 1792, Freud en 1885 avec Charcot, « ça n’empêche pas d’exister ».N.B.peut-être le « ça »freudien a-t-il là germé avant la lecture de Groddeck et de son Livre du ça, publié en 1923.
Key names
: Hippocrate, Platon, Aristote, Charcot, Freud.
Key works
: Patrice Tardieu, Utérus hystérique, Verge insolente, Philo blog 18/12/2007; Hippocrate V.Med.18; Platon, Timée, 91b-c; Freud, Ma vie et la Psychanalyse, p.19; Cinq psychanalyses, p.86.
Patrice Tardieu
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