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6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 22:58
La jouissance et l’amour selon Sade et Lacan
Il est un personnage qui éprouve de l’amour, chez Sade, c’est Justine. Elle lutte contre ce sentiment : « Je tâchais de tirer au fond de moi-même des motifs pour étouffer dans mon âme cette malheureuse passion qui la dévorait…mais l’amour est-il un mal dont on puisse guérir ? […]Le perfide Bressac ne me paraissait jamais plus aimable que quand j’avais réuni devant moi tout ce qui devait m’engager à le haïr ». Elle taxe Bressac de « cruel » comme les héroïnes de Racine : « ce cruel s’éloigna et ne tourna plus ses regards de mon côté »; elle lui écrira une lettre où, commente-t-elle, « mon triste cœur y parlait peut-être encore malgré moi en faveur de ce perfide ».
Par contre, tous les « libertins » sadiens opposent radicalement la jouissance à l’amour. Selon le personnage de Gernande, l’amour est un préjugé transmis par la chevalerie qui a accordé une place excessive aux femmes. Un autre déclare : « Il n’y a point d’amour dans mon fait, c’est un sentiment qui ne fut jamais connu de mon coeur » ( Les Infortunes ). Clément soutient que « c’est une chose différente que d’aimer ou que de jouir; la preuve en est qu’on aime tous les jours sans jouir, et qu’on jouit encore plus souvent sans aimer »( Justine ).
En fait, l’amour empêche même la jouissance puisqu’il est basé sur un attachement entre deux personnes et la jalousie envers tout autre qui fait obstacle : « l’amour ne satisfaisant que deux individus, l’être aimé et l’être aimant; il ne peut servir au bonheur des autres », « au bonheur de tous » ( La Philosophie dans le Boudoir );.il y a donc un droit de jouissance de tous les hommes sur toutes les femmes qui ne peuvent objecter chacune qu’elles sont attachées par l’amour ( « cette folie de l’âme » écrit Sade ) à un autre homme.
On connaît la fameuse phrase de Lacan : « Je t’aime, mais, parce qu’inexplicablement j’aime en toi quelque chose plus que toi, l’objet petit a, je te mutile » ( Séminaire XI, Les Quatre Concepts fondamentaux de la Psychanalyse, dernière leçon, leçon XX ). Il y fait référence à son Kant avec Sade et du sacrifice « de tout ce qui est l’objet de l’amour dans sa tendresse humaine ». Rappelons que « l’objet petit a » est l’objet du Désir du Sujet, à jamais perdu, insaisissable, que Lacan a produit à partir du Banquet de Platon qui a pour thème Éros et où l’on trouve le mot « agalma » ( avec un petit a ), le coffret où se cache un dieu ( Séminaire VIII, Le Transfert, leçon XI, §§3&4 ). Il y a donc chez Lacan opposition entre l’amour proprement dit entre deux êtres humains et la jouissance inhumaine qui vise cet objet petit a que l’on ne peut saisir et qui « mutile » autrui.
Lacan écrit parfois « amour » comme ceci (sans l’expliquer ): « a-mur »( le « u » se prononçant « ou » comme dans beaucoup de langues ); c’est que l’objet petit a est derrière un mur infranchissable, alors que c’est lui qui nous meut fondamentalement (Séminaire XIX,…Ou Pire, leçon V ). D’où l’impuissance de l’amour et l’impossible, selon Lacan, d’établir la relation « d’eux », des deux sexes ( Séminaire XX, Encore, leçon I ): « il n’y a pas de rapport sexuel », au sens du désir d’être Un ( retour à l’unité primordiale décrite dans le Banquet de Platon, discours d’Aristophane; Séminaire VIII, leçon VI ).
On voit ici que l’on retrouve l’isolisme de Sade.
Patrice Tardieu

Key word

: jouissance, amour, sentiment, malheureuse passion, l’amour est-il un mal dont on puisse guérir ?, jamais plus aimable que lorsque haïssable, cruel, triste cœur, perfide, libertins sadiens, amour préjugé transmis par la chevalerie, place excessive accordée aux femmes, pas d’amour dans le cœur, chose très différente que d’aimer et que de jouir, aimer sans jouir, jouir sans aimer, l’amour empêche la jouissance, attachement entre deux personnes, jalousie, l’amour ne satisfait que deux individus, l’être aimé, l’être aimant, ne peut servir au bonheur des autres, bonheur de tous, droit de jouissance de tous les hommes sur toutes les femmes , l’amour folie de l’âme , j’aime en toi quelque chose plus que toi, objet petit a, sacrifice de tout ce qui est l’objet de l’amour dans la tendresse humaine, l’objet du désir du sujet, objet du désir perdu, insaisissable, coffret où se cache un dieu, opposition entre l’amour humain et la jouissance inhumaine, l’a-mur, objet petit a derrière un mur infranchissable, objet petit a qui nous meut, impuissance de l’amour, impossible relation entre les deux sexes, il n’y a pas de rapport sexuel, désir d’être Un, unité primordiale mythique platonicienne, isolisme.

Key names

: marquis de Sade, Lacan, Justine, Bressac, Racine, Gernande, Dalville, Roland, Clément, Kant, Platon, Aristophane.

Key works : les Infortunes de la Vertu, Justine, la Philosophie dans le Boudoir, le Banquet de Platon,Séminaires de Lacan VIII, XI, XIX, XX; les quatre concepts de la psychanalyse, le transfert, …ou pire, Encore; Kant avec Sade.

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4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 23:57

La Justine du marquis de Sade

Pourquoi la Justine de Sade s’appelle-t-elle ainsi ?

Dans l’histoire, il a existé effectivement une Justine, impératrice, dont nous parle saint Augustin dans ses Confessions ( Livre IX, chap.VII ). Convertie à l’arianisme ( doctrine d’Arius, prêtre d’Alexandrie qui niait la divinité du Christ ), elle persécuta Saint Ambroise ( qui baptisa Augustin ) mais calma sa « fureur » ensuite, sans se convertir. Ce n’est pas tout à fait la Justine de Sade, ( même si l’éducation religieuse de celui-ci lui a peut-être fait connaître cette Justine historique ) !

Mais il y a mieux, une Sainte Justine dans La Légende Dorée de Jacques de Voragine qui nous explique pourquoi elle porte ce nom; l’appellation correspond à la personne et à son action ( ou à sa « passion », ce qu’elle va subir, ce dont elle va pâtir, pour d’autres Saintes ).« Justine est ainsi nommée, de « justice », car par sa justice, elle a rendu à chacun ce qui lui appartient : à Dieu l’obéissance, à son supérieur le respect, à son égal la concorde, à son inférieur la discipline, à ses ennemis la patience, aux misérables et aux affligés la compassion, à elle-même de saintes œuvres et au prochain la charité ». Racontons cette « légende dorée » ( « legenda aurea » qu’il vaudrait mieux traduire par « histoire, étincelante comme l’or, qu’il faut lire » ). Justine est une vierge dont Cyprien est éperdument amoureux. Pour jouir d’elle, il fait appel d’abord à un démon, mais elle refuse cet amour illicite, puis un autre qui n’arrive pas non plus à « blesser son cœur d’un amour de débauche »; il a recours alors au « Prince des démons » qui va employer quatre méthodes successives. D’abord un argument : « Croissez et multipliez » a dit Dieu, puis une transformation physique, il se métamorphose en un très beau jeune homme qui se jette sur elle pour l’embrasser, enfin, toute la région étant frappée de calamités, il fait courir le bruit qu’il en sera ainsi tant que Justine refusera de se marier; ne réussissant toujours pas, il prend l’apparence de Justine et se présente à Cyprien, mais le tour est déjoué. « Il en résulta que Cyprien fut encore plus enflammé d’amour pour Justine ». Il voulut employer la magie et lui apparaître sous la forme d’un oiseau, mais cette apparence ne modifia en rien la « vertu » de Justine qui réussit à convertir Cyprien au christianisme et tous deux devinrent des martyrs à cette époque.

Rappelons que l’ouvrage de Sade s’intitule Justine ou les Malheurs de la Vertu et qu’il va lui faire rencontrer toutes sortes de personnages « diaboliques ».Dubourg que les larmes, les plaintes, la misère de Justine ne fait qu’enflammer, Du Harpin l’avare qui l’accuse de vol, la Dubois pour qui le mal est nécessaire, Cœur-de-fer qui avance que « les femmes n’existent que pour servir de jouissance aux hommes », Saint-Florent dont Justine sauve la vie et qui va la récompenser en la violant ( « Ô homme, te voilà donc quand tu n’écoutes que tes passions! » s’écrie-t-elle ), Bressac qui veut empoisonner sa tante ( dans Les Infortunes, c’est sa mère ! ), Rodin prêt à disséquer sa fille, les moines lubriques de Sainte-Marie-des-Bois, Gernande qui saigne sa femme, Roland et son sinistre caveau, « Monseigneur » qui coupe les têtes.

Finalement Sade a bien écrit la« legenda aurea  » de sa Justine : d’un côté, l’injustice, la déraison, la démesure, l’ « ubris », le dérèglement de ses personnages scélérats à passions cruelles; de l’autre, Justine, juste, équitable, raisonnable, charitable, martyrisée par tous ces odieux individus qui doivent susciter la haine.

On s’est souvent plaint de la description fade des victimes chez Sade, mais à tort car elles doivent ressembler aux saintes et innocentes, comme Eulalie, proie du « Monseigneur » sadien, qui est semblable à la Vierge Marie. Sade ne peut pas sortir de cette image hagiographique.

Patrice Tardieu

N.B. : je me suis penché sur Sainte Agathe dans un essai publié qui se trouve sur mon Philo Blog intitulé : Seins, l’idole et l’icône (1), mis en ligne le 26/08/2007, texte, et image de Sainte Agathe; et (2) illustrations supplémentaires, le 06/01/2009.

Key word

: arianisme, fureur, nom, appellation, action, passion, justice, rendre à chacun ce qui lui est dû, histoire étincelante comme l’or qu’il faut lire, vierge, jouir d’elle, démon, amour illicite, amour de débauche, le prince des démons, croissez et multipliez, transformation physique, enflammé d’amour, vertu, les malheurs de la vertu, personnages diaboliques, larmes, plaintes, le mal nécessaire, les femmes n’existent que pour servir de jouissance aux hommes, viol, passions, poison, lubricité, injustice, déraison, démesure, dérèglements, personnages scélérats à passions cruelles; juste, équitable, raisonnable, charitable, martyr, odieux individus, description fade, sainte et innocente, image hagiographique, seins, l’idole, l’icône.

Key names

: Justine , marquis de Sade; l’impératrice Justina, Saint Augustin, Arius, Saint Ambroise; Sainte Justine, Cyprien; Dubourg, Du Harpin, la Dubois, Cœur-de-fer, Saint-Florent, Bressac, Rodin, Gernande, Roland, Eulalie; Sainte Agathe ( de Zurbaràn ).

Key works : Justine ou les malheurs de la vertu, les Infortunes de la vertu; Les Confessions

( de Saint Augustin), la Légende Dorée ( de Jacques de Voragine); Seins, l’idole et l’icône ( de Patrice Tardieu).

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2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 22:48
Womanliness of the Marquis de Sade
« What a delight to be treated like a woman ! » exclaims the Marquis de Sade. Nobody is only « passive » or « active » with Sade, all the « sadian heroes » are one and the same passive and active, also whipping and whipped ( it stimulates them ! ).the distinctive mark of Sade’s texts is that women are sexually used as if they were boys ( Justine protests against this « insult » to the fair sex ). The sadian character asks sometimes to the women to hide the feminine organ. On the other hand, these « dark heroes » refuse the pregnancy and do all they can to prevent it (this , maybe, explains that).Sade seems to think ( but he is wrong ) that this state prevents sexuality and erotism and therefore pleasure. But let us remind what Pascal Quignard says in Sex and awe on the pregnant Latin matron in ancient times, she could choose the lovers she wanted, because the lineage is there and she can think of her own pleasure !
All the life of Sade has depended on his relations with women : his wife, Renée Pélagie ( Madame de Sade ), who brought him everything he needed as sexual object, amongst other things, in prison, his mother-in-law, Madame de Montreuil who seems to greet him in the beginning, then gets against him an order under the King’s private seal which will keep him locked in and will follow him a very long time, him that has Laura de Noves ( Laura de Sade ) sung by Petrarch as one of his ancestress, his sister-in-law, Anne-Prospère, who was in a religious order, who became his mistress and followed him, it seems, in Italy, and all his « lady friends » who played mostly in theatres.
The dedication of his book Justine is addressed to the actress Marie-Constance Quesnet with whom he lived in 1790 at La Chaussée d’Antin in Paris, just after his release on the 2nd April and begins by : « Yes, Constance, it’s to you that I dedicate this work; you, the example and the honour of your sex, having both the most sensitive soul and the righteous and enlightened spirit ». It is true to say that this dedication is ambiguous because it’s aim is to make Constance cry over the pitiful fate of Justine : « Would I have succeeded, Constance ? Could a tear from your eyes show my triumph ? After having read Justine, in a word, will you say : « How sublime she is when she cries ! How her misfortune makes her beautiful ! » O Constance ! If those words escape your lips, my work is wreathed ».
Women are always in the front row with Sade, but his femininity does not imply at all any feminism.
Patrice Tardieu, writer and translator of this text.

Key word

: womanliness, femininity, what a delight to be treated like a woman, passive, active, whip, whipped, whipping, woman sexually used as if they were boys, to hide the feminine organ, pregnant woman, sexuality and erotism, pleasure, relations with women, sexual object, order under the King’s private seal, religious order, lady friends in theatres, actress, dedication of book, sensitive soul, righteous and enlightened spirit, tears, misfortune that makes her beautiful, femininity, feminism.

Key names

: Sade, Pascal Quignard, Petrarch; Mademoiselle Renée Pélagie de Montreuil ( who became Madame de Sade ), Madame de Montreuil ( her mother ), Laura de Noves ( also Laura de Sade ), Anne-Prospère de Montreuil, Marie-Constance Quesnet.

Key works : Sex and Awe, Justine, To Laura

( sonnets of Petrarch ).

Key location

: La Chaussée d’Antin ( in Paris).

Key date

: 2nd April 1790 ( Sade should have been released after the suppression of the orders under the King’s private seal, but he still stayed in prison for nine months, after the fall of the Bastille on July the 14th of 1789 ).

 

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1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 23:53
Nietzsche, Sade, Aristote et le fouet
Il y a une phrase de Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathoustra ( Première Partie ),que l’on croirait écrite par Sade : « Tu vas chez les femmes ? N’oublie pas le fouet » ( « Du gehst zu Frauen ? Vergisz die Peitsche nicht ! »). On sait que Sade a beaucoup usé et abusé du fouet sur la personne de Rose Keller à Arcueil, à Marseille sur quatre femmes, et sans doute dans son château de Lacoste sur de jeunes domestiques. Un père de famille vint réclamer sa fille un pistolet à la main le 17 janvier 1777, année de la lettre de cachet qui va débuter la longue incarcération de Sade.
On retrouve le fouet dans la vie de Nietzsche, mais ce n’est pas lui qui tient le fouet, c’est Lou Salomé; elle est dans une sorte de charrette à laquelle sont attelés Frederic Nietzsche et Paul Rée, nous en avons la photographie ! Quelque temps avant, au-dessus de la baie de Naples, les deux hommes travaillaient; Nietzsche à Humain, trop humain, Paul Rée à Origines de la Morale ( il est cité au début de La Généalogie de la morale de Nietzsche ).Lou rencontra d’abord Rée mais l’amour était hors de question, elle lui expliqua ce dont elle rêvait : vivre avec deux amis. Une sorte de mariage blanc à trois. Rée pensa à Nietzsche qui accepta. Peut-être y eut-il quelque chose entre Nietzsche et Lou Salomé pendant une promenade au Monte Sacro qui dura jusqu’à la nuit tombée. Cependant la jeune fille blonde aux yeux bleus exigea une simple amitié. Pour célébrer leur triple union amicale Nietzsche suggéra une photo. C’est lui qui aurait eu l’idée du fouet ! Peut-être cela signifiait-il la férule de cette jeune russe dominatrice sur nos deux compères. En tout cas, on est plus proche de Sacher-Masoch que de Sade.
Lorsque Nietzsche se sépara de Lou Salomé, il lui offrit un exemplaire de son dernier livre, le Gai Savoir contenant des considérations intéressantes sur l’amour comme possession ( §14 ) et l’incroyable contradiction dans l’éducation des jeunes femmes de l’époque, sur la sexualité, dont elles doivent tout ignorer puis s’y livrer totalement le jour du mariage ( §71 ).
Toutefois il y a, sans doute, encore plus étonnant, c’est la représentation d’Aristote, à partir d’une légende du XIIIème siècle ( un lai composé par le poète Henri d’Andeli ) où l’on voit l’auguste philosophe antique à quatre pattes, le mors aux dents, une femme ( parfois entièrement nue comme dans la gravure de Baldung Grien ) sur le dos, le fouettant ! C’était pour montrer que le philosophe ne résiste pas au désir !
Nietzsche, lui, voyait un autre problème : « A supposer que la vérité soit femme , n’aurait-on pas lieu de soupçonner que les philosophes, dans la mesure où ils ont été des bâtisseurs de systèmes, n’ont rien compris aux femmes ? Et que le sérieux effroyable, l’insistance maladroite qu’ils ont apportés jusqu’à ce jour à la poursuite de la vérité étaient des procédés malhabiles et malséants pour circonvenir une femme ? » ( Préface de Par-delà Bien et Mal ).
Ajoutons que Sade se situe du côté du mal, contrairement à Nietzsche qui est par-delà bien et mal, mais non pas par-delà bon et mauvais. La volonté de puissance développée conceptuellement par Nietzsche, par contre, semble animer les personnages de Sade.
Conclusion de Nietzsche sur le fouet : « Tu danseras et tu crieras au rythme de mon fouet. Je n’ai pas oublié le fouet ?-- Non ! » ( « Nacht dem Takt meiner Peitsche sollst du mir tanzen und schrein ! Ich vergatz doch die Peitsche nicht ? -- Nein ! ») Ainsi parlait Zarathoustra ( Troisième Partie).

Key word

: les femmes, le fouet, l’amour, l’amitié, mariage blanc à trois, triple union amicale, férule, dominatrice, l’amour comme possession, sexualité, mariage, lai, désir, vérité, systèmes, le mal, par-delà bien et mal, par-delà bon et mauvais, la volonté de puissance.

Key works : Ainsi parlait Zarathoustra, Humain, trop Humain, Généalogie de la Morale, le Gai Savoir, Par-delà Bien et Mal; Origines de la Morale; Ma sœur, Mon épouse

( biographie de Lou Salomé par M.F.Peters ).

Key names

: Nietzsche, Sade, Rose Keller, Lou Salomé, Paul Rée, Sacher-Masoch, Aristote, Henri d’Andeli, Baldung Grien.

Key places

: Château de Lacoste, Naples, Monte Sacro ( région des lacs italiens supérieurs ).

Key time

: 1777

Patrice Tardieu

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29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 23:37
The Marquis de Sade and religion
The « essays » of Sade’s characters are usually made of a collection of all the reasons advanced against the reality of God as in the Dialogue between a priest and a dying man which ends by « a tongue in the cheek », as says Jacques Lacan in his Kant with Sade, when finally, after all, we must keep in « the love of our fellow creature ».The priest yields to the temptation of six women sensually in charge of the dying man who tells him : « Take your share, try to forget, on the pillow of their bosoms, all the empty fallacies of religious belief ».
What is left if God does not exist ? There still is the might of the Nature World unconcerned by right or wrong, unrolling its fixed laws. But precisely, it is too immutable for the spirit of negation became the spirit of destruction : we should alter this too regular course of the stars ( it is what Madame d’Esterval asks for in the New Justine and to what agrees Sade in a foot-note ! ).
However there is an even more paradoxical figure, it’s the character of Saint-Fond who sustains the assertion of the soul and of a God in the Story of Juliette. Why ?
It is, says he, « when I sacrifice someone to my ambition or my lust, I would like to extend the sufferings beyond the immenseness of time, make them eternal, and I will delight in the delicious pleasure of extending them far outside the bounds of eternity, if eternity could have such bounds ».As far sadism can go, is clear enough !
So comes the argument of Saint-Fond, not of atheism, but of « the Supreme Being of wickedness » which is not a Manicheism, because there is only one god ( Manicheism is the religious system that represents two equal eternal forces : Goodness and Evil ), « the Supreme Being of malfeasance » !
The spirit of negation takes here a special form.
Patrice Tardieu, writer and translator of this text.

Key word

: reasons advanced against the reality of God, priest yielding to the temptation, women sensually in charge of a dying man, the pillow of their bosoms, the empty fallacies of religious belief, might of the Nature World, unconcerned by right or wrong, Nature’s fixed laws, spirit of negation, spirit of destruction, regular course of stars, to insult Nature, belief, blasphemy, free thinkers, impious words, challenge to God, remains of religion, ambition, lust, extend the sufferings beyond the immenseness of time, beyond the bounds of eternity, sadism, atheism, Manicheism, the Supreme Being of Wickedness, the supreme Being of maleficence, the Supreme Being of malfeasance.

Key names

: Sade, Lacan.

Key works: Dialogue between a priest and a dying man, Kant with Sade, the new Justine, Story of Juliette, Writings

( of Jacques Lacan).

Key word ( Greek):

blasphemia.

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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 19:56
Le divin marquis et l’isolisme
« Isolisme », ce néologisme apparaît quatre fois chez Sade; dans les trois versions ( écrit en italiques ou en majuscules ) de Justine et dans Aline et Valcour où l’on trouve : « je crains l’isolisme ». On peut interpréter ce mot, me semble-t-il, à travers cinq définitions possibles; il y a polysémie.
1.Le premier sens, qui est obvie, le plus naturel, le plus évident, est celui de la situation de Justine elle-même, déréliction, abandon, esseulement, inquiétude, peur, angoisse, « jetée » dans la vie et vers la mort, « je cours à la mort » dit Justine; elle est « un voyageur égaré », ce qui n’est pas sans anticiper sur le concept de « Geworfenheit » chez Heidegger. « La malheureuse Justine deux fois repoussée dès le premier jour […] est condamnée à l’isolisme ». Cet isolisme peut être lié à un isolement géographique, là où personne ne peut vous entendre crier. Justine : « Me trouvant dans un endroit isolé […] je me sentis saisie par trois hommes ». Cet isolement est encore plus radical en ce qui concerne les repères des « scélérats », des « insignes coquins » qui pratiquent le rapt d’innocentes jeunes filles enfermées par eux dans des « couvents » au fond de sombres forêts, ou même dans « les entrailles de la terre ».
2.Le deuxième sens est celui de l’isolement du plaisir dans lequel chacun est enfermé et dont on ne peut sortir par définition. Mon plaisir ne peut être éprouvé, ressenti que par moi, quelle que soit l’empathie ou la sympathie d’autrui, il dépend de l’excitation de mon propre corps, de mes nerfs, de ma peau. S’il n’y a pas ce « frisson », il n’y aura pas de plaisir. « Si l’égoïsme est la première loi de la nature, c’est bien sûrement plus qu’ailleurs dans les plaisirs de la lubricité ». La jouissance est forcément égoïste et ne nécessite pas le partage avec le partenaire, soutient le personnage de Clément, car si l’on peut infliger la douleur facilement à autrui, son plaisir peut être feint.
Quant à l’amour il est disjoint de la jouissance : « C’est une chose très différente que d’aimer et que de jouir; la preuve en est qu’on aime tous les jours sans jouir, et qu’on jouit encore plus souvent sans aimer ».
Cet isolisme du plaisir est soutenu aussi par le personnage de la Dubois : ce qui nous touche est tout; ce qui touche autrui n’est rien pour nous. Chaque sujet est enfermé en lui-même car nous ne sommes pas autrui, ni son corps, ni sa tête.
3.Le troisième sens pourra surprendre, mais se trouve dans une réplique de Justine : c’est l’isolisme de Dieu, il n’est affecté par rien d’autre que lui-même, « Il n’a rien à redouter des autres ». Ceci me fait irrésistiblement penser au Dieu d’Aristote, « pensée de la pensée »,qui ne peut penser que lui-même, ou aux dieux épicuriens vivant dans les inter-mondes dont nous n’avons rien à craindre.
4.Le quatrième sens est l’isolisme intellectuel du philosophe : « Le philosophe, ne considérant que lui seul dans l’univers, c’est à lui seul qu’il rapporte tout ». Cet isolisme philosophique semble faire référence à ce qu’on a appelé le « solipsisme » de Descartes dans ses Méditations.
5. Le cinquième sens est une interprétation biographique : Sade ayant passé une grande partie de sa vie dans l’isolement, l’enfermement et la réclusion, l’isolisme est un néologisme fait pour lui. Il a vécu « l’enfer » du « huis clos » ( « portes closes ».
Patrice Tardieu

Key word

: isolisme, néologisme, cinq définitions, obvie, déréliction, abandon, esseulement, inquiétude, peur, angoisse, jeté dans la vie et vers la mort, voyageur égaré, isolement, plaisir, égoïsme, douleur, plaisir feint, l’amour différent de la jouissance, aimer, jouir, isolisme du plaisir, nous ne sommes pas autrui ni son corps ni sa tête, isolisme de Dieu, affecté par rien d’autre que lui-même, isolisme philosophique intellectuel, solipsisme, isolement, enfermement, réclusion, huis clos.

Key names

: le divin marquis, Sade, Heidegger, Aristote, Épicure, Descartes, Sartre.

Key works : Aline et Valcour, Justine, Être et Temps, Métaphysique

( d’Aristote ), Lettre à Ménécée ( d’Epicure ), Méditations ( de Descartes ),Huis Clos ( de Sartre ).

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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 23:30
L’Être Suprême en méchanceté de Sade
Pour le personnage de Sade, Saint-Fond, le mal est un principe « moral »[ tout comme le bien est un principe « moral » ] et ce principe moral du mal est donc éternel. En effet, tous les êtres sont périssables, mais justement pas le principe du mal puisqu’il est un principe, pas une chose. Partout dans l’univers il y a le mal, le désordre, le crime. D’où peut provenir tout cela ? D’un Dieu qui se plaît dans le mal, l’Être Suprême de méchanceté qui n’aime que la malfaisance; dont l’essence même est le mal. On ne peut nier la barbarie, la méchanceté, l’injustice, la cruauté qui règnent en ce monde et constituent l’univers fait de « molécules malfaisantes ». Mais pour que le mal soit complet, il faut que la souffrance soit infinie. Or nos douleurs ne sont que de courtes durées ( ne serait-ce que notre courte vie ). Saint-Fond soutient donc qu’il faut que nos âmes soient immortelles comme l’Être Suprême de malfaisances, afin que nos souffrances soient éternelles. Il ajoute même qu’il faudrait repousser les limites de l’éternité, si cela est concevable.
On voit par là que l’esprit de négation n’est pas incompatible avec l’affirmation de l’immortalité de l’âme et d’un Être Suprême. C’est une voie possible dans cet esprit de négation.
Patrice Tardieu

Key word

: l’Être Suprême en méchanceté, le mal est un principe moral comme le bien, éternité du principe opposé au caractère périssable de toute chose, le mal, le désordre, le crime, un Dieu qui ne se plaît que dans le mal, dont l’essence est le mal, malfaisance, barbarie, injustice, cruauté, molécules malfaisantes, souffrance infinie, douleurs de courtes durées, notre courte vie, âme immortelle, souffrances éternelles, repousser les limites de l’éternité, esprit de négation.

Key name : Marquis de Sade.

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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 23:27
Sade et la pulsion de mort
Dans sa dernière théorie des pulsions, Freud introduit la pulsion de mort ( « Todestrieb » en allemand ). Peut-on utiliser ce concept pour Sade ? Oui, c’est Freud lui-même qui le dit : « le sadisme n’est qu’une pulsion de mort ». Cette théorie de Freud consiste à relier le désir et le désir de mort dans une compulsion répétitive qui dépasse tout plaisir. Je dirais : « ek-stase », « sortie de soi » de la jouissance inhumaine ( voir mon article : Jouissance inhumaine : Sade, Lacan, Hegel ). Cette pulsion de mort est d’ailleurs un mystère pour Freud : « comment déduirons-nous de l’Éros , dont la fonction consiste à conserver et à entretenir la vie, cette tendance sadique à nuire à l’objet ? ». C’est, pour Freud, quelque chose de « démoniaque » mais qu’il avait découvert depuis longtemps : « nous avons toujours affirmé que la pulsion sexuelle ( « sexualtrieb ») contenait un élément sadique ».Et Freud va jusqu’à parler de « pulsion de destruction, pulsion d’emprise, volonté de puissance », empruntant à Nietzsche cette dernière expression.
Beaucoup de personnages et même des descriptions de lieux chez Sade pourraient illustrer cette pulsion de mort; ne serait-ce que le repère de Roland au fond de souterrains interminables : « Représentez-vous, Madame, un caveau rond de vingt pieds de diamètre, dont les murs tapissés de noir n’étaient décorés que des plus lugubres objets, des squelettes de toute sorte de tailles, des ossements en sautoir, des têtes de morts, des faisceaux de verges et de fouets, des sabres, des poignards, des pistolets… ». C’est là que se situent ses orgies. Il y a un autre personnage dont on ne connaît pas le nom mais qui observe toujours attentivement la nuque de ses victimes qui, après les débauches, auront la tête tranchée. Ce fantasme vient à Sade à une période de l’histoire de France où l’on va trancher beaucoup de têtes…
Patrice Tardieu

Key word

: pulsions, pulsion de mort, sadisme, désir, désir de mort, compulsion répétitive, au-delà de tout plaisir, ek-stase, sortie hors de soi, jouissance inhumaine, Éros, vie, tendance sadique, nuire à l’objet, démoniaque, pulsion sexuelle, élément sadique, pulsion de destruction, pulsion d’emprise, volonté de puissance, souterrains interminables, caveau, lugubres objets, faisceaux de verges et de fouets, orgies, débauches, fantasme.

Key names

: Freud, Sade, Nietzsche.

Key works

: Au-delà du principe de plaisir, Essais de psychanalyse, Trois essais sur la théorie de la sexualité; Jouissance inhumaine : Sade, Lacan, Hegel ( article de Patrice Tardieu ).

Key word ( allemand

): Todestriebe, Sexualtrieb.

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 23:31
Sade, le hasard, la Providence
Il y a trois rédactions successives, par amplification, qui concernent l’héroïne centrale des œuvres de Sade : la première version de 1787, découverte en 1909 par Guillaume Apollinaire et publié en 1930, porte le titre « Les Infortunes de la Vertu », la seconde de 1791 « Justine ou les Malheurs de la Vertu », et la troisième de 1799 « la Nouvelle Justine ou les Malheurs de la Vertu ». Réfléchissons un instant sur les titres. L’in-fortune se réfère à « fortuna », mot latin qui signifie hasard, chance, sort, lot, destinée, et dont Machiavel nous dit « qu’il faut la battre » ( dans Le Prince ).Malheur peut se lire « mal-heur », heur venant de « augurium » qui veut dire observation et interprétation des signes, présage, prédiction, prophétie, pressentiment. Cicéron, dans les Tusculanes, écrit : « il y a au fond des âmes comme une sorte de pressentiment des siècles à venir ».Le français a conservé la locution « heur et malheur », puisqu’il peut y avoir bon-heur, bon augure, ou mal-heur, mauvais augure. Tout ce vocabulaire est lourdement lié à des croyances religieuses !
Sade sort-il de ce vocabulaire ? Pas si on lit l’incipit des trois versions qu’il rédige avec des variantes ( il réécrit à chaque fois son texte ! ). « Le triomphe de la philosophie serait de démêler l’obscurité des voies dont la Providence se sert pour parvenir aux fins qu’elle se propose sur l’homme […] perpétuellement ballotté par les caprices de cet être qui, dit-on, le dirige aussi despotiquement […] pour prévenir les caprices bizarres de cette fatalité… » ( Les Infortunes ). « […] fatalité à laquelle on donne vingt noms différents, sans être parvenu, ni à la connaître, ni à la définir » ( Justine ). « […] afin de prévenir les caprices bizarres de cette fortune qu’on a nommée tour à tour Destin, Dieu, Providence, Fatalité, Hasard […] » ( La Nouvelle Justine ).
On voit que Sade met le mot « hasard » sur le même plan que celui de Dieu, de Providence, de Destin, de Fatum. Il ne rentre pas dans le problème issu de Démocrite ( et son atomisme métaphysique ) sur le hasard et la nécessité, sur celui d’Aristote qui distingue le hasard qui concerne toutes choses, de la « tukhè » qui ne concerne que l’homme ( Physique, livre II ). On est très loin de la théorie de Cournot qui, au XIXème siècle, définira le hasard comme la rencontre de deux séries causales indépendantes. En fait il se pose un problème théologique, celui de la Providence divine ! Justine s’attend à la clémence d’un Dieu bienveillant, d’autant plus qu’elle est « vertueuse », mais elle ne rencontre que des « scélérats » qui abusent d’elle.
Deux thèses s’offrent alors à Sade : ou bien il y a un Dieu mais il est malveillant, ou bien Dieu n’existe pas. Mais alors pourquoi tant de blasphèmes, de défi à Dieu, pourquoi vouloir « déranger le cours des astres »? Il reste dans une optique religieuse, d’autant plus qu’il est taraudé par le problème du bien et du mal.
Patrice Tardieu

Key word

: amplification, infortune, hasard, chance, sort, lot, destinée, malheur, heur, signes, présages, prédiction, prophétie, pressentiment, bonheur, augure, triomphe de la philosophie, providence, caprices bizarres, despotisme, fatalité, fortune, destin, Dieu, hasard, fatum, nécessité, deux séries causales indépendantes, problèmes théologiques, providence divine, clémence, vertu, Dieu bienveillant, Dieu malveillant, athéisme, blasphèmes, optique religieuse, problème du bien et du mal.

Key names

: Sade, Guillaume Apollinaire, Machiavel, Cicéron, Démocrite, Aristote, Cournot.

Key works

: Les infortunes de la vertu, Justine ou les malheurs de la vertu, La nouvelle Justine, Le prince ( de Machiavel ), Les Tusculanes, Physique, livre II ( d’Aristote), Considérations sur la marche des idées ( de Cournot ).

Key words

( latin ) : fortuna, augurium.

Key word

( grec ) : tukhè.

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 00:42
La féminité de Sade
« Ah ! Quel délice d’être traité comme une femme ! » s’exclame Sade. Il n’y a pas de personne seulement « passive » ou « active » chez Sade, tous les « héros sadiens » sont à la fois « actifs » et « passifs », ainsi que flagellants et flagellés ( cela les stimulent ! ). La caractéristique des textes de Sade est que les femmes le plus souvent doivent être sexuellement traitées comme des garçons ( Justine proteste contre cette « injure » faite à son sexe ), le personnage sadien demandant parfois de cacher l’organe proprement féminin. Par contre ces « sombres héros » refusent que la femme soit enceinte et font tout pour qu’elle ne le soit pas (ceci explique peut-être cela ). Sade semble penser ( à tort ) que la femme n’est plus alors apte à la sexualité et à l’érotisme et donc au plaisir selon lui. Mais rappelons que, selon Pascal Quignard dans Le Sexe et l’Effroi, une fois la matrone de l’antiquité latine enceinte, elle pouvait choisir les amants qu’elle voulait ( puisque le mari et futur père était assuré de sa propre descendance ) et s’occuper de sa propre jouissance.
Toute la vie de Sade dépend de ses relations avec les femmes : sa femme, Renée Pélagie, qui lui fournit, entre autres, tous les objets sexuels dont il a besoin en prison, sa belle-mère, Mme de Montreuil qui d’abord semble bien l’accueillir puis obtient contre lui la lettre de cachet qui va l’enfermer et le poursuivre longtemps, lui qui compte parmi ses ancêtres Laure de Noves ( ou de Sade ) chantée par Pétrarque, sa belle sœur, Anne-Prospère, chanoinesse devenue sa maîtresse qui le suit sans doute en Italie, sans compter toutes ses différentes « amies » qui jouent le plus souvent dans des théâtres. La dédicace de Justine est adressée « A MA BONNE AMIE »,l’actrice Marie-Constance Quesnet avec laquelle il vit en 1790 à la Chaussée d’Antin, juste après sa libération le 2 avril et qui commence ainsi : « Oui, Constance, c’est à toi que j’adresse cet ouvrage; à la fois l’exemple et l’honneur de ton sexe, réunissant à l’âme la plus sensible l’esprit le plus juste et le mieux éclairé ». Il est vrai que cette dédicace est très ambiguë car il s’agit d’obtenir les pleurs de Constance sur le sort malheureux de Justine : « Aurais-je réussi, Constance ,Une larme de tes yeux déterminera-t-elle mon triomphe ? Après avoir lu Justine, en un mot,diras-tu : « […] Comme elle est sublime dans les larmes ! Comme les malheurs l’embellissent ! » Ô Constance ! Que ces mots t’échappent, et mes travaux sont couronnés ».
Les femmes occupent le devant de la scène chez Sade, mais sa « féminité » n’implique aucun « féminisme » proprement dit.

Key word

: quel délice d’être traité comme une femme, actif, passif, flagellant,flagellé, femme traitée comme un garçon, cacher l’organe féminin, femme enceinte, apte à la sexualité et au plaisir, amants, jouissance, relations avec les femmes, objets sexuels fournis, lettre de cachet, chanoinesse, amies qui jouent dans les théâtres, actrice, ouvrage dédié, âme sensible, esprit juste et éclairé, larmes, malheurs qui embellissent, féminité, féminisme.

Key names

: Sade, Pascal Quignard, Pétrarque; Mlle Renée de Montreuil ( devenue Mme de Sade ), Mme de Montreuil, Laure de Noves ( Laure de Sade ), Anne-Prospère de Montreuil, Marie-Constance Quesnet.

Key works : Le sexe et l’effroi, Justine, Canzoni

( sonnets de Pétrarque ).

Key location

: la Chaussée d’Antin ( Paris ).

Key date

: 2 avril 1790 ( libération provisoire de Sade après l’abolition des lettres de cachet;mais il est resté enfermé, après la prise de la Bastille, d’où il avait été transféré,9 mois encore ).

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