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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 21:37

Négation, nuit de l'esprit, néant vide, effroyable, regarder dans les yeux de l'autre, Hegel.

Négation, nuit de l’esprit, néant vide, effroyable, regarder dans les yeux de l’autre, Hegel.
Dès 1805, Hegel pose le problème de l’esprit et de son objet: la chose qui est là devant lui dans l’espace. Mais l’esprit est négation et intériorise tout cela. Il accumule des images: «　cette image appartient à l’esprit; il est en possession de celle-ci, il en est le maître; l’image est conservée dans le trésor de l’esprit, dans la nuit de l’esprit; elle est inconsciente, c’est-à-dire qu’elle n’a pas à être exposée comme objet de représentation. L’homme est cette nuit, ce néant vide qui contient tout dans la simplicité de cette nuit, une richesse de représentations, d’images infiniment multiples dont aucune précisément ne lui vient à l’esprit ou qui ne sont pas en tant que présentes. C’est la nuit, l’intérieur de la nature qui existe ici, pur soi, dans les représentations fantasmagoriques; c’est la nuit tout autour; ici surgit alors subitement une tête ensanglantée, là une autre silhouette blanche, et elles disparaissent de même. C’est cette nuit qu’on découvre lorsqu’on regarde un homme dans les yeux, on plonge son regard dans une nuit effroyable, c’est la nuit du monde qui s’avance ici à la rencontre de chacun　». On trouve, dans ce texte déjà, la préfiguration de la réflexion sur l’inconscient et de l’effrayant secret que peut contenir l’être humain.
Key word
: négation, images, la nuit de l’esprit, l’inconscient, le pur soi, néant vide, représentations fantasmagoriques, regarder un homme dans les yeux, plonger dans la nuit du monde.
Key name
: Hegel.
Key work
: Hegel la philosophie de l’esprit, éd.P.U.F.p.13.
Patrice Tardieu
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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 16:52

Rêve, porte étroite de l'âme sur la nuit originelle; Jung contre Freud; Nietzsche, Dionysos.

Rêve, porte étroite de l’âme sur la nuit originelle; Jung contre Freud; Nietzsche, Dionysos.
Jung donne une importance considérable au songe: «　le rêve est une porte étroite, dissimulée dans ce que l’âme a de plus obscur et de plus intime; elle ouvre sur cette nuit originelle cosmique qui préformait l’âme bien avant l’existence de la conscience du moi et qui la perpétua bien au-delà de ce qu’une conscience individuelle aura jamais atteint　». Jung s’oppose radicalement à Freud qui considère que les rêves dissimulent la réalisation de désirs refoulés à travers des symboles sexuels cachés. Pour Jung même le langage explicitement sexuel du rêve est un langage archaïque qui simplement utilise la sexualité comme symbole de choses autrement plus complexes. Il se réfère à Nietzsche pour qui la pensée onirique n’est rien d’autre qu’une forme de pensée antérieure, celle de la mythologie (et ajoutons de l’esprit dionysiaque, du Dionysos souffrant et lacéré de la tragédie archaïque). Donnons ces quelques lignes de Plutarque que Jung cite dans Métamorphoses de l’âme et ses symboles, p.461:
«　Viens, Ô Dionysos dans ton temple d’Elis
Viens avec les Charites dans ton temple sacré
Déchaîné (fou de rage) avec tes pieds de taureau　».
Key word
: le rêve, l’âme, nuit originelle, le moi, réalisation de désirs refoulés, symbole autrement plus complexe, pensée onirique, mythologie.
Key names
: Jung, Freud, Nietzsche, Dionysos.
Key works
: Jung, l’âme et la vie, Métamorphoses de l’âme et ses symboles. Nietzsche, la Naissance de la tragédie. Freud, l’Interprétation des rêves.
Patrice Tardieu
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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 21:48

Psyché féminine, état d'amour au-delà de la loi, volonté de vivre des femmes, Jung, Wagner, Platon.

Psyché féminine, état d’amour au-delà de la loi, volonté de vivre des femmes, Jung, Wagner, Platon, Diotime.
La Tétralogie de Wagner se termine donc par «　le Crépuscule des dieux　» qui doivent désormais laisser advenir le règne de l’amour humain. Il me semble qu’il y a un écho de cela chez Jung qui cite Platon sur l’Éros et particulièrement les paroles de Diotime, une femme. Il en vient aux considérations suivantes: «　la femme est toujours là où se trouve l’ombre de l’homme　».Mais justement il ne faut pas la confondre avec l’homme: «　la femme a pris conscience de cette réalité indéniable qu’elle n’atteint à ce qu’il y a de plus élevé et de meilleur en elle que dans l’état d’amour　». Or «　l’amour est au-delà de la loi　». Et «　Ce que veut l’amour de la femme, c’est l’homme tout entier, non pas l’homme seulement, mais en plus l’indice de sa négation. L’amour, chez la femme n’est pas sentimental ( il ne l’est que chez l’homme): il est une volonté de vivre, parfois terriblement dépourvue de sentimentalité, et qui même la conduira au sacrifice de soi　» et j’ajouterais: comme Brünnhilde. Jung nous invite par conséquent à «　la compréhension véritable de la psyché féminine　».
Key word
: crépuscule des dieux, amour humain, l’ombre de l’homme, l’état d’amour de la femme, l’amour au-delà de la loi, la femme n’est pas sentimentale, volonté de vivre, compréhension véritable de la psyché féminine.
Key names
: Jung, Wagner, Brünnhilde, Platon, Diotime.
Key works
: Jung, l’âme et la vie. Platon, Banquet 201d-212c. Wagner, le Crépuscule des dieux.
Patrice tardieu
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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 23:26

Trois interprétations, symbole, déni, forclusion, libido, hallucination, Jung, Freud, Lacan, Wagner.

Trois interprétations, symbole, déni, forclusion, libido, hallucination, Jung, Freud, Lacan, Wagner.
Nous avons vu que «　Siegfried　» est important pour comprendre Jung et sa patiente Sabina Spielrein. Toutefois il semble qu’il y ait au moins trois interprétations possibles. En 1912, C.G.Jung publie Métamorphoses de l’âme et ses symboles en partant d’un article de Théodore Flournoy, sur une certaine «　Miss Miller　», qu’il amplifie démesurément (et qu’il amplifiera encore). Il n’est peut-être pas innocent que le nom de Siegfried y figure à plusieurs reprises, avec la précision qu’il s’agit bien de l’opéra de Wagner. Rappelons que Siegfried est le fruit incestueux d’un frère et d’une sœur, Siegmund et Sieglinde, qui sera trahi et tué par Hagen le «　fidèle vassal　»( Sigmund Freud et Jung se séparent définitivement en 1912!). Jung explique que Hagen est le symbole de Judas et que toute personne qui souhaite disculper Judas vient du fait qu’il veut lui-même devenir un traître! Il reprend plus loin l’image de Siegfried qui saute par-dessus «　le brasier flamboyant　» monté sur le «　cheval du tonnerre　» pour rejoindre Brünnhilde endormie au milieu des flammes et pose ses lèvres sur les siennes, ce qui a pour effet de la réveiller et d’enclencher un duo superbe et passionnée; le cheval étant, selon Jung, le symbole de la libido. Faisons remarquer que Jung se défendait, bien avant dans une note, d’avoir la moindre relation personnelle avec «　Miss Miller　», et qu’après Siegfried, la Tétralogie se termine par le «　Götterdämmerung　», le «　Crépuscule des dieux　». On voit donc cette première interprétation chargée de symboles. Une deuxième serait freudienne: en disant de l’enfant, qui devait s’appeler Siegfried et qu’elle n’a pas eu avec Jung, qu’il «　est vivant　»; on se trouve dans le déni de réalité. Enfin une troisième serait lacanienne, il s’agirait de la forclusion psychotique avec hallucination, mécanisme de défense où ce qui a été «　forclos　» réapparaît dans «　le réel　».
Key word
: trois interprétations; symbole, déni, forclusion; libido, crépuscule des dieux, hallucination, le réel.
Key names
: Jung, Freud, Lacan, Wagner, Siegfried, Brünnhilde, Siegmund, Sieglinde, Hagen, Judas, Sabina Spielrein.
Key works
: Jung, Métamorphoses de l’âme et ses symboles. Freud, Abrégé de psychanalyse. Lacan, Écrits, Réponse au commentaire de Jean Hyppolite p.381-399. Wagner, Siegfried, le Crépuscule des dieux.
Patrice Tardieu
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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 19:00

Jung, guérison de la névrose problème religieux, aimer son ennemi, se réconcilier avec soi-même.

Jung, guérison de la névrose problème religieux, aimer son ennemi, se réconcilier avec soi-même, Freud rationaliste sans âme.
Jung émet une théorie originale de la névrose. Selon un de ses malades, il y a «　l’heureuse île de la névrose　» où il se place pour se protéger des «　pieuvres tentaculaires　». Et Jung d’ajouter: «　le médecin sait fort bien que le malade a besoin d’une île et que, sans elle, il serait perdu. Elle est, pour sa conscience, le refuge, l’ultime sécurité contre l’enserrement par l’inconscient qui le menace　». Cependant, «　la névrose est désunion avec soi-même　», défense contre soi-même dont on ne veut rien connaître. Cette idée d’une psyché inconsciente remonte à Leibniz, Kant et a été développée par Schelling selon Jung qui s’oppose au «　rationalisme sans âme　» de Freud car «　dans la névrose est incluse l’âme du malade　» et il ajoute que si l’on pouvait arracher la névrose comme une dent malade selon l’intention rationaliste de Freud, ce ne serait pas une guérison, mais une amputation. Jung professe alors une affirmation étonnante: «　le problème de la guérison est un problème religieux　». En effet, la névrose est une guerre civile intérieure et la seule solution est d’aimer son ennemi comme le recommande le christianisme. Il s’agit de se réconcilier avec ses propres turpitudes comme les hommes doivent, après la guerre civile, se pardonner pour pouvoir vivre ensemble.
Key word
: névrose, désunion avec soi-même, psyché inconsciente, la guérison est un problème religieux, christianisme.
Key names
: Jung, Leibniz, Kant, Schelling, Freud.
Key works
:  Jung, l’âme et la vie. Schelling, Œuvres métaphysiques. Leibniz, Nouveaux Essais sur l’entendement humain. Kant, Anthropologie. Freud, la Naissance de la Psychanalyse.
Patrice Tardieu
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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 22:30

Siegfried, Sabina Spielrein, Jung, Orgueil, Espoir, Désir, Volonté de puissance,Wagner, Nietzsche.

Siegfried, Sabina Spielrein, Jung, l’un est l’ombre de l’autre, Orgueil, Espoir, Désir, Volonté de puissance, Wagner, Nietzsche.
Jung affectionne les contrastes, ainsi il oppose Wagner à Nietzsche, tout en les reliant dans sa dialectique qui doit réunir les contraires. Wagner, «　défenseur de l’amour, fait retentir dans sa musique toute l’échelle sentimentale de Tristan jusqu’aux bas-fonds de la passion incestueuse　». Nietzsche «　est l’avocat de la puissance et de la volonté victorieuse de l’individu　». Si bien que «　Wagner brise les liens qui entravaient l’amour, Nietzsche brise les tables de valeur qui étranglent l’individualité　». Cependant «　là où l’amour règne, il n’y a pas de volonté de puissance et là où domine la puissance, manque l’amour. L’un est l’ombre de l’autre　».
La musique de Wagner est omniprésente dans le film de Cronenberg, d’abord dans une scène explicite où Sabina Spielrein et Jung observent des patients qui écoutent un enregistrement tiré de la Walkyrie par un orchestre berlinois dirigé par Max Bücher en 1905, date à laquelle Sabina Spielrein est encore à la clinique Burghölzi de Zurich où officie Jung. Ensuite il y a le leitmotiv de Siegfried d’une manière subliminale qui accompagne nos amoureux supposés, sans qu’il soit explicitement nommé. Et pourtant ce nom est une clef du comportement de Sabina Spielrein puisqu’elle voulait que Jung lui fasse un petit «　Siegfried　», un héros «　à la blonde chevelure　», de ceux qui auraient inspiré Nietzsche selon Jung. Dans sa correspondance avec Jung, Sabina Spielrein revient sur Siegfried mais pour Jung ce n’est qu’un «　symbole　»…Dans son délire passionnel elle proclame: «　Il est vivant　»! L’hypothèse de son érotomanie, au sens de la triade de Clérambault, Orgueil, Espoir, Désir, se confirme…
Un dernier mot; lorsque Wagner épousa enfin Cosima, la fille de Liszt, qui avait eu avec lui dernièrement un petit garçon, qu’il avait nommé Siegfried, Cosima put écouter pour son propre anniversaire, Siegfried-Idyll provenant du jardin grâce à Nietzsche qui avait organisé cette aubade sous ses fenêtres. A l’époque, Nietzsche et Wagner étaient amis intimes.
Key word
: l’amour, la volonté de puissance, l’un est l’ombre de l’autre, leitmotiv, le héros à la blonde chevelure, orgueil, espoir, désir.
Key names
: Nietzsche, Wagner, Cosima Liszt, Sabina Spielrein, Jung, Clérambault, Max Bücher, Tristan, Siegfried.
Key works
: C.G.Jung, l’âme et la vie. Nietzsche, la Volonté de Puissance. Wagner, l’Anneau du Nibelung, Tristan, Siegfried-Idyll. David Cronenberg, A Dangerous Method.
Patrice Tardieu
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4 décembre 2012 2 04 /12 /décembre /2012 22:58

Jung, Objet d'amour de Sabina Spielrein, Freud, pansexualisme versus psychologie analytique de l'âme.

Jung, Objet d’amour de Sabina Spielrein, Freud, pansexualisme versus psychologie analytique de l’âme humaine.
Je voudrais suggérer combien il est difficile, sinon impossible de réfléchir à différentes hypothèses lorsqu’on est pris par les images d’un film. Je vais prendre comme exemple «　A Dangerous Method　» de David Cronenberg (2011). Au début de chaque séquence il y a un lieu et une date qui scande le déroulement et l’on va assister au «　transfert d’amour　» de Sabina Spielrein et au contre-transfert de son médecin Jung, tombé amoureux dans une relation explicite avec défloration, et à quelques courtes scènes de masochisme dû aux mauvais traitements que la fille aurait subis dans son enfance infligés par son père. On comprend que cette histoire d’amour est teintée par la psychanalyse de Freud et la «　psychologie analytique　» de Jung; les deux hommes affrontant leurs théories. Manifestement le réalisateur donne un certain avantage à «　l’âme humaine　» de Jung qui reproche à Freud son «　pansexualisme　». Et le spectateur est ému à la fin par la séparation des amants. Mais le problème est que Jung considérait Sabina Spielrein comme une hystérique qui lui a causé une «　amère expérience　» comme il l’écrit à Freud. Allons plus loin, il n’y a aucune preuve tangible d’une réelle relation physique entre elle et lui qui se plaint du scandale qu’elle provoque dans son service! Par contre les lettres qu’elle lui envoie, puis les analyses qu’elle fait de ses paroles sont pleines de l’argument que c’est lui qui l’aime (lui l’Objet de son amour). On suit une "séquence" dont j’ai parlé:d’abord amour fou, ensuite dépit d’être repoussée, enfin persécution de «　l’Objet aimé　». On aura reconnu l’érotomanie ou illusion délirante d’être aimé décrite par Gaëtan Gatian de Clérambault. C’est une hypothèse. Mais comment lutter contre des images?
P.S.:Le film va pousser le «　réalisme　» jusqu’à écrire à la fin ce que sont devenues les personnes comme Jung, Freud ou Sabina Spielrein tuée par les nazis, mais pourquoi ne pas dire alors que ses frères furent déportés au Goulag et y moururent?
Key word
: transfert d’amour, contre-transfert, masochisme, psychanalyse, psychologie analytique, l’âme humaine, pansexualisme, séparation des amants, hystérique, l’Objet de son amour, érotomanie.
Key names : Sabina Spielrein, Jung, Freud, David Cronenberg.
Key works : Patrice Tardieu, Compulsion d’amour, transfert, contre-transfert, Philo blog 20/11/2012; Passion amoureuse ou délirante? Philo blog 24/11/2012; Érotomanie, Philo blog 26/11/2012. David Cronenberg, A Dangerous Method, film inspiré de la pièce de théâtre de Christopher Hampton, the Talking cure. Freud, la Technique psychanalytique. Jung, Métamorphoses de l’âme et ses symboles, Dialectique du moi et de l’inconscient, Essai d’exploration de l’inconscient, La vie symbolique psychologie et vie religieuse.
Patrice Tardieu
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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 19:47

Leibniz, collier du Grand-Duc, du Grand Mogol, monade, machine, armée, lettre à Arnauld.

Leibniz, collier du Grand-Duc, du Grand Mogol, monade, machine, armée, lettre à Arnauld.
Leibniz, dans sa lettre écrite en français, à Arnauld, du 30 avril 1687, nous explique ce qu’est un être. Si nous réunissons par la pensée le collier de diamants du Grand-Duc qui se trouve en Europe et celui du Grand Mogol en Asie, c’est ce qu’on appelle en philosophie un «　être de raison　», c’est-à-dire quelque chose qui n’existe que dans l’esprit. Admettons maintenant que l’on réunisse réellement ces deux colliers, aura-t-on un être? Non plus, c’est une image mentale ou si l’on veut une perception; mais un phénomène perçu de petites unités réunies qui , comme ici, par la chaîne, auront un mouvement par déplacement commun, ne constitue pas une unité réelle. Prenons un autre exemple, une machine; elle n’est qu’un agrégat de parties artificiellement assemblées, même si tout cela fonctionne ensemble. D’où le fait que l’explication mécaniste matérialiste de l’univers n’est qu’une métaphore trompeuse. Arrêtons-nous maintenant sur un troisième exemple, celui d’une armée. Même si les hommes manoeuvrent ensemble dans un ordre parfait, une armée n’est pas un être, elle est composée d’une agrégation de soldats et comme le dit Leibniz: «　Ce qui fait l’essence d’une armée n’est qu’une manière d’être des hommes qui la composent　». Arrivons à cette affirmation, dans un français parfait et subtil: «　Ce qui n’est pas véritablement un être n’est pas non plus véritablement un être　» (c’est Leibniz qui souligne). Autrement dit, c’est l’unité véritable qui fait l’être, et que Leibniz appelle «　monade　». J’ai essayé d’expliquer le plus simplement possible ce concept.
Key word
: l’être de raison uniquement dans l’esprit, phénomène perception d’une réunion de choses, machine agrégat de parties artificiellement assemblées, l’explication mécaniste du monde est métaphorique, manière d’être, ce qui n’est pas un être n’est pas non plus véritablement un être, unité véritable ou monade.
Key names
: Leibniz, Arnauld.
Key works
: Leibniz, lettre à Arnauld du 30 avril 1687, La Monadologie, 1714, écrite également en français; Antoine Arnauld et Pierre Nicole, La Logique de Port-Royal.
P.S.: J’ai été interrogé par Henri Gouhier et Ferdinand Alquié pour mon Certificat d’Histoire de la Philosophie des dix-septième et dix-huitième siècles, à la Sorbonne, sur cette Logique ou l’Art de penser d’Arnauld et Nicole.
Patrice Tardieu
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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 22:26

Origine radicale des choses, raison suffisante de leur existence, l'être et le néant, Leibniz.

Origine radicale des choses, raison suffisante de leur existence, l’être et le néant, Leibniz, Euclide.
J’aimerais montrer la puissance argumentative de Leibniz à partir de son opuscule de 1697 Sur l’Origine Radicale des Choses qui ne fait que dix-sept paragraphes. Le point de départ est le suivant: «　Ni dans aucune des choses singulières, ni dans l’agrégat ou la série toute entière des choses, on ne peut trouver la raison suffisante de leur existence　». Imaginons, dit Leibniz, que nous ayons présentement en main, un livre intitulé «　Éléments Géométriques　», ce livre a été recopié d’un exemplaire à l’autre et on pourrait remonter progressivement (disons jusqu’au troisième siècle av.J.C.) à toutes les copies. Mais aurait-on la raison pour laquelle ce livre existe et d’avoir été rédigé comme il l’a été? Non, ce n’est qu’une série de «　copies　»! Or, nous dit Leibniz, ceci est vrai aussi des états successifs du monde: celui qui suit a été «　copié　», d’une certaine manière (selon certaines lois de changement), de celui qui précède. «　Et ainsi, aussi loin qu’on puisse remonter à des états antérieurs, jamais, dans ces états, on ne trouvera la raison complète pour laquelle un monde existe, ni pourquoi un tel monde.　». Tel est le problème de l’être et du néant.
Key word
: origine radicale des choses, raison suffisante de leur existence, les états successifs du monde ne peuvent expliquer ni le fait qu’il existe ni pourquoi il est ainsi et pas autrement, le problème de l’être et du néant.
Key names
: Leibniz, Euclide.
Key works
: Leibniz, Sur l’Origine Radicale des Choses; Euclide, Éléments.
Patrice Tardieu
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28 novembre 2012 3 28 /11 /novembre /2012 23:02

Conscience malheureuse, écartèlement, judaïsme, christianisme, incarnation, Hyppolite, Hegel.

Conscience malheureuse, écartèlement, judaïsme, christianisme, incarnation, Hyppolite, Hegel.
Selon Jean Hyppolite que j’ai entendu commenter Hegel au Collège de France, «　La conscience malheureuse est le thème fondamental de la Phénoménologie　» (Genèse et Structure p.184). Je dirais que la conscience malheureuse est un «　écartèlement　». D’abord, selon Hegel, dans le judaïsme, du fait que Dieu est trop éloigné de la vie avec l’image d’Abraham qui erre sur son sol dont il n’a pas fait «　son monde　». Ensuite, dans le christianisme, du fait que Dieu, à l’inverse, est trop près de la vie et qu’il soit mort en un lieu et un temps donnés en s’incarnant. Il y a là comme l’écrit Hegel «　toute la rigidité　», la dureté cassante («　die Sprödigkeit　») «　d’une chose effectivement réelle　». Notons cependant que l’aliénation chez Hegel est à la fois nécessaire et indispensable, comme pour Dieu de s’incarner car l’esprit n’est rien tant qu’il n’a pas pris forme dans ce qui est autre que lui-même.
Key word
: conscience malheureuse, écartèlement, judaïsme, christianisme, incarnation, dureté cassante d’une chose effectivement réelle, aliénation nécessaire positive, prendre forme dans ce qui est autre.
Key names
: Hegel, Jean Hyppolite, Abraham, Jésus.
Key works
: Hegel, Phénoménologie de l’Esprit, la conscience malheureuse; Jean Hyppolite, Genèse et Structure de la Phénoménologie de Hegel.
Patrice Tardieu
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