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14 décembre 2014 7 14 /12 /décembre /2014 23:32
Ce qui se passe quand la femme a le rôle actif. Nymphes incarnant les plaisirs érotiques divins.
On sera peut-être étonné d’apprendre que la représentation de « l’equus eroticus » la plus célèbre est celle d’Aristote en tant que « cheval érotique » , dont l’aventure se trouve dans un « lai ». Ce mot signifie « chanson », mais ici « bref poème narratif », comme ceux de Marie de France, de la littérature courtoise, où elle raconte par exemple dans son « Lai du rossignol » que toute la nuit le chevalier et sa dame se regardaient ne pouvant faire davantage, le seigneur son mari s’inquiétant de toutes ces veilles ! Elle prétend qu’elle ne peut s’arracher au plaisir du chant d’un rossignol; du coup l’époux tue le rossignol pour qu’elle puisse dormir ! L’oiseau sera mis dans un coffret que « l’amant » fera confectionner ! J’en viens au « Lai d’Aristote » ( treizième siècle ) attribué à Henri d’Andeli ou à un Henri de Valenciennes. Il est basé sur des faits et sur une légende. On sait qu’Alexandre le Grand arriva jusqu’en Inde, dans le Pendjab, et s’arrêta à l’Hyphase, sous-affluent du fleuve Indus; que la peinture et la sculpture indienne ont été fécondées par le passage d’artistes grecs; qu’il existe le temple indien extraordinairement érotique de Khajurâho; que le Kama Sûtra, où il y a un chapitre intitulé « Ce qui se passe lorsque la femme prend le rôle actif », a été écrit par le brahmane Vatsyayana; enfin que l’auteur de l’Éthique à Nicomaque, Aristote, a été le précepteur d’Alexandre. Voici, résumée, la légende de ce « Lai » : Alexandre s’attarde car il est pris de passion pour [ je dirais, une de ces « apsaras », « nymphes », incarnant les plaisirs érotiques « divins », que l’on voit faire l’amour dans les positions les plus acrobatiques sur le Khajurâho ]. Aristote le morigène et essaie de le raisonner. L’envoûtante indienne décide de retourner la situation. Elle se promène, à moitié nue, sous les yeux d’Aristote qui, lui aussi, se met à la désirer ! Elle lui fait comprendre qu’il doit d’abord lui servir de monture, ce qu’il accepte ! Mais Alexandre les voit et rit. Conclusion : « Amour vainc tout et tout vaincra tant que le monde durera ». On peut tirer de ce « Lai » deux « morales » : l’une « religieuse », ce qui explique qu’Aristote « equus eroticus » se trouve représenté sur de nombreuses stalles [ sièges en bois de chaque côté du chœur ], des chapiteaux, des bas-reliefs, des pilastres des Églises et Chapelles, sur la puissance de la femme grâce à la sexualité; l’autre « philosophique » que l’on peut lire déjà chez Héraclite : « Éros est le premier des dieux » ( fragment XIII ). Key Word : puissance érotique . Key Names : Aristote, Marie de France, Henri d’Andeli, Henri de Valenciennes, Alexandre le Grand, Vatsyayana, Héraclite. Key Works : Patrice Tardieu, Nymphes invisibles de Diane au bain, brèche scélérate dans son être fermé, théophanie, kénose, Klossowski avec Proust Philo blog du 05/01/2012 Nietzsche, Sade, Aristote et le fouet, Philo blog du 01/10/2011. Marie de France, le Lai du Laostic [ Rossignol ]. Henri d’Andeli, le Lai d’Aristote. Héraclite, fragment XIII. Vatsyayana, Kama Sûtra. Patrice Tardieu.
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7 décembre 2014 7 07 /12 /décembre /2014 22:43
Cavalière chevauchant son partenaire qui la prend sur son dos comme un cheval, equus eroticus.
Débat entre les trois fondateurs de la sexologie : d’un côté Krafft-Ebing et Albert Moll qui soutiennent que « la plupart des cas de fétichisme du soulier reposent sur un instinct masochiste d’humiliation de soi-même plus ou moins conscient ». En effet « les masochistes embrassent les souliers et les pieds de la femme, se font piétiner par celle-ci ». Mais l’élément primaire est-il le fétichisme ? Est cité le cas d’un homme qui ne peut avoir des rapports avec une femme qu’en étant le « succubus », c’est-à-dire que la femme soit placée au-dessus de lui dans une position dominante, l’homme au-dessous [ ce qui contredit, je dirais, la théorie d’Alfred Adler que le mâle veut toujours être au-dessus ]. L’humiliation ou l’humilité se retrouverait dans les expressions « fouler quelqu’un aux pieds » ou « être aux pieds de quelqu’un » [ formule de politesse ancienne ] ou l’attitude religieuse de baiser le pied. Un autre cas donné par Krafft-Ebing est celui de « l’equus eroticus ». Cet homme, si une femme avait un joli pied, s’offrait de lui servir de chaise et de recevoir d’elle un coup de pied. Il avait remarqué que les dames aimaient monter à cheval et il imaginait ce que pourraient lui faire les éperons. Il arrive à passer de l’imagination à la réalité et à inciter des femmes à se hisser sur son dos pendant qu’il joue la monture. Il fait alors tous les mouvements chevalins et aime être traité comme par les cavalières. Pendant qu’elles le chevauchent, elles peuvent le piquer, le battre, l’injurier, le caresser, le cravacher selon leur caprice, avec quelques intervalles de repos, trois à quatre fois de suite. Il préfère se dénuder le haut du corps pour mieux sentir la cravache, alors que les femmes doivent rester avec chapeau, gants, beaux souliers, bas, sous-vêtement féminin, à l’époque, longs jusqu’aux genoux. Je reviens à la dispute théorique de nos sexologues. Le troisième fondateur est Havelock Ellis. Il trouve « séduisante » l’identité supposée du masochisme et du fétichisme du pied soutenue par Krafft-Ebing et Albert Moll, cependant il y a une grande différence : « pour le masochiste, ses gestes et marques d’humiliation de soi-même sont le symbole de l’adoration extatique [ abnégation extatique qu’il désire atteindre ]; pour le fétichiste du pied, le pied ou la chaussure de sa maîtresse est le symbole concentré de tout ce qu’il y a de beau, d’élégant, de féminin dans la personnalité aimée ». Key Word : débat sur le masochisme et le fétichisme. Key Names : Krafft-Ebing, Albert Moll, Havelock Ellis, Alfred Adler. Key Works : Patrice Tardieu : L’amour avec le diable, les incubes, les succubes, Jérôme Bosch, Philo blog du 13/11/2011 ; L’homme au-dessus, la femme en dessous, principal ressort de l’acte sexuel selon Adler, Philo blog du 25/04/2014. Krafft-Ebing et Albert Moll, Observations 108 et 110. Alfred Adler, Connaissance de l’homme, I, 7. Les rapports entre les sexes. Patrice Tardieu.
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30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 23:11
Luxure de l’attouchement et pudeur du pied érotique. Dieu et sa Déesse, son Ashérah.
Havelock Ellis nous fait part des observations du Docteur Paul Jacoby en 1903 sur les mœurs de certains peuples d’Europe septentrionale : « Par les nuits très chaudes ou le jour de la cuisson du pain, vous verrez des femmes les seins découverts, quelquefois toutes nues, sans que cela les gêne; mais vous ne les verrez jamais nu-pieds. […] Ces femmes ont leur pudeur dans le pied; elles y ont aussi leur coquetterie ». Pour l’homme « débander le pied de la femme est un acte de luxure et l’attouchement de ces bandes lui produit le même effet, que celui d’un corset ôté tout chaud à un européen [ méridional ] ». « Déchausser une personne de l’autre sexe est un acte sexuel; aussi par une association naturelle d’idées, est-ce devenu le symbole de la prise de possession sexuelle, de l’union des sexes, du mariage, et la chaussure en est devenu l’emblème, comme l’anneau plus tard ». Havelock Ellis fait alors en note de bas de page deux références, sans les développer, à deux passages de l’Ancien Testament. D’abord le Livre de Ruth, IV, 7, où il est question du cérémonial judaïque d’ôter son soulier ( pour garantir un achat ou un échange ) lorsque Boaz acquiert et épouse la servante Ruth. Ensuite, Esaïe [ ou Isaïe ], VII, 20, où se trouve l’expression surprenante « les poils des pieds » pour désigner les poils du pubis ! Havelock Ellis fait remarquer là qu’il y a « une association érotique des pieds avec les organes sexuels »; je dirais comme l’épisode que j’ai raconté de Restif de La Bretonne avec la chaussure de Colette Parangon où le fétichisme conduit à l’identifier au sexe de la femme ! Je ferais remarquer que dans le célèbre tableau de Jan van Eyck, Portrait des époux Arnolfini ( 1434 ) l’on voit les deux mariés déchaussés ; les souliers de la femme se trouvant sous le miroir convexe qui les reflète ( ainsi que le peintre que l’on aperçoit alors ) et ceux du mari à côté de lui. L’expression dont j’ai parlé est d’autant plus curieuse que c’est Dieu lui-même ( « Le Maître » ) avec sa lame qui va raser les poils de l’entrejambe. J’ajouterais que le Dieu biblique n’a pas toujours été le Dieu un, unique et seul, car les données archéologiques et épigraphiques ont montré « Yhwh » ( « Yahvé » ) c’est-à-dire « Dieu » accompagné de sa « Ashérah », sa femme, sa « Déesse ». Tout comme, dans la religion pré-islamique « Allah », « Dieu », avait en face de lui, opposée et égale, la Déesse-mère « Allât » dont le temple se trouvait à Tâ‘if. Il y avait aussi « ‘Uzza », Déesse de la Beauté et de l’Amour dont le culte était à Nakhla; et « Manât », Déesse sombre et obscure qui laisse couler du sable de ses doigts, responsable du Destin. Key word : symbole du mariage. Key names : Havelock Ellis, Paul Jacoby, Restif de La Bretonne, Jan van Eyck, Thomas Römer. Key works : Havelock Ellis, Études de Psychologie Sexuelle. Restif de La Bretonne, Monsieur Nicolas. Jan van Eyck, Portrait des époux Arnolfini. Ancien Testament, Livre de Ruth, IV, 7 ; Esaïe, VII, 20. Le Coran, IV, 117 ; VII, 180 ; XXXIX, 17. Thomas Römer, Cours du Collège de France ( 2010- 2012 ) Le Dieu Yhwh, ses origines, ses cultes, sa transformation en dieu unique [ particulièrement sur la « Ashérah » le 8 février et le 15 mars 2012 ]. Patrice Tardieu.
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23 novembre 2014 7 23 /11 /novembre /2014 22:50
Scènes lascives avec les tout petits pieds des chinoises, supérieures aux aphrodisiaques.
Le fétichisme du pied peut sembler curieux pour ceux qui ne l’éprouvent pas, pourtant certaines civilisations accordent une grande importance aux pieds humains et même certaines religions. L’exemple le plus connu est celui des chinois. Havelock Ellis écrit : « Un mari chinois regarde les pieds de sa femme comme plus excitant que son visage. Aussi une chinoise éprouve-t-elle autant de pudeur à montrer ses pieds qu’une femme européenne ses seins; la vue de ses pieds est réservée uniquement à son mari ». Et il ajoute : « l’énergie employée pour rendre les pieds des chinoises plus petits encore que nature est à la mesure de l’attraction exercée sexuellement par les pieds féminins sur les hommes ». A l’appui de ses dires, il cite les propos du Docteur Matignon en 1898 : « Mon attention fut attirée sur ce point par l’examen d’un grand nombre de gravures pornographiques dont les chinois sont très amateurs. Dans toutes les scènes lascives, on voit l’homme caresser voluptueusement les pieds de la femme.[…] Il éprouve précisément le même effet que celui que provoque en un jeune européen le pelotage d’une poitrine jeune et ferme ». D’où le fait que « les femmes expertes en amour savent, pour exciter l’ardeur de leur amant, qu’un moyen supérieur à tous les aphrodisiaques, y compris le ginseng et les nids d’hirondelle, est de prendre le pénis de leur amant entre leurs pieds ». Havelock Ellis conclut : « La déformation des arbres [ surtout connue par le bonsaï japonais ] et celle des pieds sont une preuve que les chinois aiment ce qui est petit, élégant et artificiel ». Mais la finalité est peut-être « de maintenir les femmes dans leur maison ». Et j’ajouterais que c’est ce qu’on retrouve dans le Coran, sourate XXXIII, Al-‘ahzâb, verset 33 : « Restez dans vos foyers; et ne vous exhibez pas à la manière des femmes d’avant l’Islam ( « Jahiliyah ») ». Key word : civilisation chinoise. Key names : Havelock Ellis, le Docteur Matignon. Key works : Patrice Tardieu, Passions des fétichistes: sein, nattes, soulier, linge touchant le corps de la femme. Freud. Philo blog du 18/10/2014. Havelock Ellis, Études de Psychologie Sexuelle. Docteur Matignon, A propos d’un pied de chinoise. Le Coran, XXXIII, 33. Ghassan Ascha, Le Statut de la femme en Islam. Patrice Tardieu.
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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 22:49
L’Anti-Justine de Restif de La Bretonne face à la Justine ou les malheurs de la vertu de Sade.
Comment juger Restif de La Bretonne par rapport à Sade ? Marianne Alphant en fait un amoureux des femmes, de leur élégance, de leur habillement, des « souliers roses à talons verts ». Restif a rédigé « L’Anti-Justine ou les délices de l’amour » qui se veut un « Erotikon » [ mot désignant un ouvrage sur le désir des sens ] « savoureux, mais non cruel », « de lecture agréable » contrairement à « Justine ou les malheurs de la vertu » de « Dsds » [ dans l’alphabet réformé de Restif, c’est ainsi qu’il écrit «  Donatien marquis de Sade » ] qui inciterait le lecteur à mordre les seins de sa compagne et à lui tordre les bras; c’est, du moins, ce qu’il soutient dans son « Avertissement » ! Sade répliquera que Rétif est dénué de goût, d’esprit, finalement quelqu’un de très commun surtout en ce qui concerne l’écriture. On retrouve des précisions sur le fétichisme des souliers par l’auteur de L’Anti-Justine : « Dès mon enfance, j’aimais les jolies filles. J’avais surtout un faible pour les jolis pieds et les jolies chaussures, en quoi je ressemblais au Grand Dauphin, fils de Louis XIV, et à Thévenard, acteur de l’Opéra ». Le conteur devenu père épris de sa propre fille, « Conquette-Ingénue » ( sic! ), la fait regarder par la fenêtre, « ce qui lui mettait à découvert un pied exquisément chaussé, une partie de la plus belle jambe ». En fait, toute L’Anti-Justine de Restif de La Bretonne est une « partie de jambes en l’air » avec tous les membres féminins de sa famille ( filles, sœur, mère, nièce ) et quelques autres dont il aura des filles qui deviendront ses maîtresses ! Mais ce thème incestueux ( qui se trouve aussi chez Sade ) est une pochade rapidement écrite qui ne peut rivaliser avec le style retenu du marquis et la « sombre lumière » des scènes odieuses et éprouvantes du « sadisme » ( Sade dit des « taquineries » ) de ses personnages hautement différenciés. Sade explore les aspects les plus obscurs de la psyché humaine couplée avec la sexualité. Key word : Erotikon savoureux mais non cruel. Key names : Restif de La Bretonne, Sade, Marianne Alphant. Key works : Patrice Tardieu, Jouissance inhumaine: Sade, Lacan, Hegel, Philo blog du 30/09/2008 au 03/01/2009 ; Le marquis de Sade et Diderot, du 27/04/2011 et du 11/05/2011 ; Isolisme, Sade et autres articles, du 04/09/2011 au 08/11/2011 ; Sade, Saint-John Perse, sexe féminin, du 31/08/2012 au 14/09/2012 ; Sade blasé de la vie épicurienne, le désir illusion de l’imagination scélérate et autres articles, du 01/09/2013 au 27/09/2013. Restif de La Bretonne, L’Anti-Justine. Sade, Justine ou les malheurs de la vertu. Marianne Alphant, Souliers roses à talons verts. Patrice Tardieu.
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9 novembre 2014 7 09 /11 /novembre /2014 18:39
Taille de guêpe et tout petits pieds, idéal féminin voluptueux, chaussures cambrées, tour de gorge.
Selon Havelock Ellis qui écrivit une introduction à l’édition anglaise de Monsieur Nicolas de Restif de La Bretonne, celui-ci était caractérisé par une ardeur sexuelle précoce et excessive mais non perverse dans sa poursuite des femmes aux belles chaussures. Tombant amoureux d’une jeune femme plus âgée que lui, il lui vola secrètement une de ses pantoufles. Mais sa passion se porta surtout sur Colette Parangon, l’épouse de l’imprimeur chez lequel il était apprenti et qui le logeait, à Auxerre. Voici ce que Restif écrit : « Madame Parangon possédait un charme auquel je n’ai jamais pu résister, un pied mignon; [ sa chaussure ] faite à Paris, et avec un goût parfait qu’y sait donner une jolie femme, avait cette élégance voluptueuse qui semble y communiquer l’âme et la vie. Tantôt Colette avait un soulier de droguet [ étoffe tramée sur un tissu avec un dessin d’un autre ] blanc uni, ou à fleurs d’argent, tantôt rose à talon vert, ou vert à talon rose; son pied souple, loin de déformer sa chaussure, en augmentait la grâce et en rendait la forme plus provocante. […] Elle prit des mules vertes non moins provocantes à talons et falbalas roses ». Il palpe alors les chaussures, alors que la maîtresse et la servante sont montées au premier étage, en presse l’une sur ses lèvres car « la chaleur qu’elle avait communiquée à l’insensible objet qu’elle avait touché subsistait encore et lui donnait une âme » et « l’autre, égarant la nature, et trompant son but sacré [ la procréation ! ], remplaçait le sexe par excès d’exaltation » ! Cependant il est aussi fétichiste d’une manière générale : « Un jour, me trouvant dans l’endroit où cette femme modeste faisait serrer [ ranger ] le linge qu’elle quittait, je saisis avidement ce qui avait touché ses charmes, portant une bouche altérée de volupté sur son tour de gorge [ parement enveloppant sa poitrine ] ». Ceci dit, il connut sexuellement beaucoup de femmes. Son idéal féminin était qu’elle ait une taille de guêpe et de tout petits pieds. Key word : ardeur sexuelle précoce et excessive mais non perverse. Key names : Havelock Ellis, Restif de La Bretonne, Colette Parangon. Key works : Havelock Ellis, Études de Psychologie sexuelle . Restif de La Bretonne, Monsieur Nicolas ou le cœur humain dévoilé ; Mes Inscriptions. Marianne Alphant, Souliers roses à talons verts. Patrice Tardieu.
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2 novembre 2014 7 02 /11 /novembre /2014 21:54
Goût délicat des femmes, passions tendres, élégance de sentiment, art de vivre. Hume.
Restif de La Bretonne réfléchit sur le contenant et le contenu : « le goût factice pour la chaussure n’est que le reflet de celui de jolis pieds. On s’accoutume à considérer l’enveloppe comme la chose. Ainsi la passion que j’eus, dès l’enfance, pour les chaussures délicates, était un goût factice basé sur un goût naturel ». On voit ici qu’il essaie de relier la passion, le goût construit et celui authentique. Le philosophe David Hume, lui, distingue la « délicatesse de passion » de « la délicatesse de goût ». La délicatesse de passion rend extrêmement sensible l’individu aussi bien à la joie vive qu’à la douleur pénétrante, à l’amitié qu’au ressentiment ou au mépris, ce qui détruit son bonheur et conduit, dit Hume, à faire des « faux pas » ! La délicatesse de goût produit, elle aussi, un certain effet positif ou négatif, mais dépend, non des événements extérieurs, mais de nos choix. Dans une note, Hume ajoute que « les femmes, qui ont des passions plus délicates que les hommes, ont aussi un goût plus délicat pour les ornements de la vie, l’habillement, les équipages et les convenances de la conduite, […] et quand vous vous trouvez être à leur goût, vous engagez bientôt leur affection ». Hume fait alors l’éloge du « bon goût ». Mais il apporte la nuance suivante : « peut-être suis-je allé trop loin en disant qu’un goût cultivé pour les arts raffinés éteint les passions, et nous rend indifférents à ces objets [hommes et choses vulgaires ] qui sont poursuivis si amoureusement par le reste de l’humanité [ ce qui serait une bonne chose pour notre calme ]. Je trouve que cela augmente plutôt notre sensibilité à toutes les passions tendres et agréables ». Il conclut que cela nous donne « une certaine élégance de sentiment », « une certaine mélancolie agréable qui, de toutes les dispositions de l’esprit est la mieux appropriée à l’amour et à l’amitié ». Il s’agit donc de bien choisir quelques amis, ce qui est le propre de l’art de vivre. Key word : le contenant et le contenu. Key names : Restif de La Bretonne. David Hume. Key works : Restif de La Bretonne, Le Pied de Fanchette. Monsieur Nicolas ou le cœur humain dévoilé. David Hume, De la délicatesse du goût et de la passion. Patrice Tardieu.
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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 23:32
Souliers soignés susceptibles d’être salis. Fascination. Amours ancillaires.
Havelock Ellis continue sur le fétichisme du pied observé en 1904 par un certain Marandon de Montyel sur un homme élevé dans les « Indes Occidentales » ( nom donné par Christophe Colomb à la côte atlantique de l’Amérique car il croyait avoir atteint l’autre côté du monde, en fait les Antilles, où tout le monde à l’époque marchait pieds nus ! ). Il vécut des amours ancillaires avec une servante de couleur dont il appréciait les pieds « bien arqués, à la peau fine et aux doigts grands et réguliers ». Revenu à Paris, il trouva une maîtresse complaisante. Notre sexologue se penche ensuite sur l’écrivain français célèbre du dix-huitième siècle, Restif de La Bretonne pour qui la chaussure d’une femme pouvait lui servir de substitut à celle-ci; ce n’est pas par hasard que son premier ouvrage s’intitule Le Pied de Fanchette ( 1769 ) que lui a inspiré la rencontre dans la rue d’une fille aux pieds « ravissants ». Dans son œuvre autobiographique Monsieur Nicolas [ c’est son prénom ! ) ou le cœur humain dévoilé ( 1794 -1797 ), il avoue que « c’était à la chaussure qu’il donnait machinalement sa plus grande attention ». Il appréciait les « souliers soignés, recherchés » des filles les plus élégantes, si difficiles à conserver propres. Havelock Ellis fait remarquer ici le paradoxe de ce fétichisme. Restif était donc en quête non de chaussures avec cordons ou boucles mais avec des « faveurs » [ « petits rubans » ] bleues ou roses assorties à la couleur de la jupe qui provoquait en lui une fascination, une obsession, un choc émotionnel, mais sans lien avec le masochisme car il cherchait, désirait soumettre la fille en question. Restif se pose lui-même un problème : l’attirance pour « la beauté des pieds » vient-elle du physique ou du moral ? « Seraient-ce ses rapports avec la légèreté de la marche ? Avec la grâce et la volupté de la danse ? ». On voit là une anticipation sur la Gradiva de Jensen ( 1903 ). Key word : chaussures avec des faveurs. Key names : Havelock Ellis, Marandon de Montyel, Nicolas Restif de La Bretonne. Key works : Patrice Tardieu, Fétichisme du pied, celle qui s’avance avec une démarche souple et tranquille, la vie, l’existence, Philo blog du 10/10/2014. Wilhem Jensen, Gradiva ( 1903 ). Freud, Délires et rêves dans la Gradiva de Jensen ( 1907 ). Nicolas Restif de La Bretonne, le Pied de Fanchette ; Monsieur Nicolas ou le cœur humain dévoilé. Patrice Tardieu.
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26 octobre 2014 7 26 /10 /octobre /2014 23:02
Le sexologue en mariage libre avec une féministe lesbienne. Faire du pied sous la table.
Nous avons vu plusieurs approches du fétichisme notamment celle écologique d’Auguste Comte de faire de la Terre le « Grand Fétiche ». Nous revenons au fétichisme sexuel, mais pas à celui de Freud, à celui d’Havelock Ellis qui a vécu et publié à la même époque que lui, britannique très cultivé qui pratiquait trois langues, l’anglais, l’allemand et le français, célèbre pour ses Études de Psychologie sexuelle dès 1898 en treize volumes jusqu’à sa mort en 1939, grand connaisseur de la littérature française ( il traduisit en anglais Germinal de Zola, publia un ouvrage intitulé De Rousseau à Proust ) ; marié à une féministe lesbienne dans un « mariage libre » ! Il s’intéresse, lui aussi, au fétichisme du pied. Il soutient que le pied est, pour un amant une des parties les plus attirantes et qui viendrait au quatrième rang après les yeux, les cheveux, le corps entier et la croupe. Il se base sur les Mémoires de Casanova, bien que celui-ci ne fût pas un fétichiste du pied [ mais du derrière ! ], sur Alfred Binet qui soutient qu’il existe aussi un fétichisme de la main et du gant mais plus rare. Selon les observations de Krafft-Ebing, il y a le fétichisme des longs gants féminins dont un collectionneur avait des centaines, accouplé au rituel du baise-main et des ongles bien soignés. L’origine du fétichisme du pied remonterait à l’enfance car les bébés sont particulièrement attentifs à leurs pieds qu’ils traitent comme des jouets et les portent à leur bouche, surtout le gros orteil, au point que le psychologue américain, Stanley Hall, y verra le début de la construction du « Self » ( le « Soi » ) et même l’origine « d’une forme de cour » qui consiste à toucher le pied de la personne que l’on veut séduire sous la table avec son propre pied [ en français, « faire du pied sous la table » ! ]. J’ajouterais que ce comportement est magnifiquement décrit dans Le Rideau Cramoisi de Barbey d’Aurevilly qui cite dans sa Préface l’auteur des Conversations Chrétiennes [ discussion entre trois personnages : « Aristarque » ( « l’excellent » ), « Eraste » ( « l’amant » ) et Théodore ( « celui qui adore Dieu » ) ], le philosophe Malebranche. C’est l’histoire d’un jeune militaire logé chez l’habitant qui se fait écraser le pied sous la table par la jeune fille de la maison, à l’insu des parents présents, mais qui lui offre un visage de marbre ensuite après avoir provoqué cet incendie en lui qui reste seul dans sa chambre au rideau cramoisi [ rouge intense foncé ]… Je laisse deviner la fin; mais, puisque c’est notre sujet, je vais donner ces quelques indices : « Quand elle venait ainsi, ma première caresse, mon premier mouvement d’amour était pour ses pieds […] nus pour ne pas faire de bruit […] je savais le moyen de les tiédir ». Key word : fétichisme du pied, de la main, du gant et des ongles. Key names : Auguste Comte, Freud, Havelock Ellis, Zola, Rousseau, Proust, Casanova, Alfred Binet, Krafft-Ebing, Stanley Hall, Barbey d’Aurevilly. Key works : Patrice Tardieu, Être mieux apte à penser, agir et même aimer grâce au néo-fétichisme écologique. Comte, Philo blog du 03/10/2014. Havelock Ellis, Études de Psychologie Sexuelle. Krafft-Ebing : Observations, 139, 190. Barbey d’Aurevilly : Les Diaboliques ( recueil de Nouvelles ). Luis Bunuel, L’âge d’or ( film, 1930 ) avec l’actrice Lya Lys qui suce le pied d’une statue ! Charles Vidor, Gilda ( film, 1946 ) avec Rita Hayworth qui enlève ses longs gants noirs. Patrice Tardieu.
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22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 23:31
Hannah Arendt écrit à Heidegger: « à toi le si proche, dédicace cachée, offerte, en t’aimant ».
J’ai commenté les textes de Freud sur le fétichisme; Derrida le fait à sa façon à travers son « polylogue », ajoutant une référence intéressante, celle de Georges Bataille, La mutilation sacrificielle et l’oreille coupée de Vincent Van Gogh [ ce qui introduit une nouvelle signification de la « dette »…remboursée par le sacrifice ]. Derrida en vient au cœur du problème : la correspondance entre Schapiro et Heidegger, due à l’auteur de La Structure de l’organisme, Kurt Goldstein, émigré lui aussi à l’université Columbia de New York comme Schapiro. Ainsi que Derrida le montre, ces deux migrants, qui ont subi l’exode, veulent se venger de Heidegger resté en Allemagne. Sur la suggestion de Goldstein, Schapiro demande à Heidegger à quel tableau il se réfère. A quoi Heidegger répond naïvement qu’il l’a vu dans une exposition à Amsterdam en mars 1930. Le piège se referme, celui des lacets des Vieux souliers qui ne peuvent être que ceux de Van Gogh lui-même et non ceux d’une paysanne selon Schapiro ! Derrida va alors reprendre mot à mot ( l’anglais de Schapiro, l’allemand et le grec de Heidegger ) comme à son habitude pour montrer qu’il s’agit avant tout pour Heidegger de distinguer la chose, le produit technique et l’œuvre d’art; le tableau de Van Gogh illustrant cette dernière. Mais surtout qui a raison, le rat de ville ( Schapiro ) ou le rat des champs ( Heidegger ) ? Je dirais que c’est pour Derrida comme pour La Fontaine; il suffit de regarder, me semble-t-il, « Les mangeurs de pommes de terre » ou « la paysanne » de Van Gogh; et j’ajouterais de lire la Lettre à son frère Théo de 1885 : « Dans les vieux tableaux, les personnages ne travaillent pas. Je trime ces jours-ci sur une femme que j’ai vue cet hiver arracher des carottes dans la neige ». Derrida donne donc raison à Heidegger contre Schapiro et Goldstein [ même si, je dirais, les chaussures sont celles de Van Gogh comme « modèle » ]. Quant à Hannah Arendt, on ne sait ce qu’elle a dit à Heidegger en revenant le voir après la guerre, mais elle lui a envoyé son livre ( titre français : Condition de l’homme moderne ; titre allemand « Vita Activa ou la Vie Active » [ qui consiste à distinguer le travail, l’œuvre et l’action ] avec cette « dédicace cachée, dédicace offerte » dans un billet accompagnant sa lettre à Heidegger : « Vita Activa, il n’y aura pas de dédicace [ imprimée ] à ce livre. Comment pourrais-je te le dédier, à toi le si proche, à qui j’ai été fidèle et infidèle et les deux en t’aimant ». Key word : monde rural de Van Gogh et Heidegger, monde urbain de Goldstein et Schapiro. Key names : Derrida, Bataille, Schapiro, Kurt Goldstein, Van Gogh, Hannah Arendt. Key works : Derrida, la Vérité en peinture, 4. Restitutions. Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, Préface de Paul Ricœur, collection Agora. Van Gogh, Vieux souliers aux lacets. Kurt Goldstein, la Structure de l’organisme. Schapiro, Essais à la mémoire de Kurt Goldstein. Georges Bataille, la mutilation sacrificielle et l’oreille coupée de Vincent Van Gogh. La Fontaine, Fables, livre premier, 9, le rat de ville et le rat des champs. Documentaire sur Heidegger, diffusé sur Arte, avec le billet d’Hannah Arendt . Patrice Tardieu. 
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