3 mars 2012
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Erreur remplacée par une autre erreur, l’utile et l’inutile, intelligence et mémoire, rapprochement et éloignement de Bergson par Proust.
Proust se lance dans une réflexion sur la méprise : « il peut arriver qu’on découvre son erreur que pour lui substituer non pas la vérité, mais une autre erreur ». La perception fautive des jeunes filles au bord de mer par le narrateur comme des adolescentes dévergondées méprisant la chasteté et faisant des passades quotidiennes, a été remplacée par une bévue sur leur innocence. Il avait fait une lecture erronée la première fois de leurs faits et gestes, il en faisait maintenant une autre par un « lapsus d’un déchiffrage trop rapide », « lu étourdiment ».
Proust se rapproche alors de la théorie bergsonienne : « l’intelligence élimine tout ce qui ne concourt pas à l’utilité immédiate de nos relations quotidiennes ». Ou, comme le dit Bergson : « conscience signifie action possible » ( Œuvres p.199 ), et aussi : « pour évoquer le passé sous forme d’image, il faut pouvoir s’abstraire de l’action présente, il faut savoir attacher du prix à l’inutile »( Œuvres, p.228 ). Mais Proust s’éloigne de Bergson en affirmant la déformation continue et journalière de nos souvenirs par le présent. Bergson soutient, lui, que « notre vie psychologique antérieure est là : elle se survit avec tout le détail de ses événements localisés dans le temps » ( OEuvres, p.241 ).
Key word
: méprise, substituer une erreur à une autre, perception fautive, bévue, lecture erronée, lapsus, rôle pragmatique de l’intelligence, l’utile et l’inutile, conscience présente et mémoire, souvenirs déformés ou bien conservés dans tous leurs détails ?
Key names
: Bergson, Proust.
Key works
: Matière et Mémoire, p.50, p.87 et p.103 ( Bergson), A l’ombre des jeunes filles en fleurs ( Proust ).
L’île de notre nostalgie ( 2.2.u ).
Patrice Tardieu